Ma question s'adresse à M. le Premier ministre. Privé de parole, comme 140 de mes collègues, le 15 septembre dernier (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), je vais enfin pouvoir exprimer aujourd'hui la légitime expression due à un élu du peuple sur le sujet vital de la réforme des retraites.
En ce moment, plusieurs millions de citoyens sont dans la rue (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), soutenus selon les sondages par 71 % des Français, pour crier leur refus de ce projet qui s'inscrira parmi les plus formidables régressions sociales de notre histoire.
Alors que les gains de productivité ont augmenté de 30 % en vingt-cinq ans, dix points de la richesse totale produite en France sont passés des poches des producteurs à celles des rentiers : ce sont ainsi 195 milliards par an qui sont versés à ceux qui s'enrichissent en dormant, selon le mot de François Mitterrand.
Plus caricaturale encore est cette disposition légale qui a permis à la Société générale de recevoir de l'État, en déduction d'impôt, 1,7 milliard d'euros sur les 4,9 milliards qu'elle avait perdus dans les acrobaties financières de Jérôme Kerviel.
Cette offrande, comme celle du bouclier fiscal qui redistribue chaque année 600 millions d'euros aux plus riches, constitue un marqueur idéologique de votre politique.
Monsieur le Premier ministre, le discours du courage que vous nous délivrez avec des trémolos dans la voix ne trompe personne. Vous avez bien fait le choix délibéré de vous attaquer aux plus faibles, pour préserver les prébendes de ceux que vous soutenez, que vous protégez, que vous représentez : le camp des nantis et le clan du Fouquet's. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Monsieur le Premier ministre, vous ne pouvez gagner contre le peuple français ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)