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Intervention de Guy Teissier

Réunion du 6 octobre 2010 à 11h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuy Teissier, président :

Avec une délégation parlementaire, nous avons récemment effectué une visite des installations de Nexter et de Renault Trucks Défense. J'ai vu des industriels plutôt confiants, qui se battent au quotidien pour innover. Je note d'ailleurs que vous n'avez pas parlé de l'Aravis qui est pourtant un excellent équipement.

Le vrai problème dont souffre notre industrie, c'est l'absence de débouchés à l'exportation. Le marché national est trop étroit. Tout le monde reconnaît la qualité du canon Caesar, mais qui l'achètera lorsque tous les régiments français d'artillerie en seront dotés ? C'est la même chose pour le Rafale : c'est un avion superbe, mais il y a toujours quelque chose qui empêche sa commercialisation.

En ce qui concerne le programme Scorpion, vous avez raison : il ne figure pas dans le budget tout comme la rénovation des Mirage 2000D, il est reporté. J'insiste sur le fait qu'il n'est pas annulé et qu'il devrait être mis en oeuvre avant 2014.

Il est vrai que la crise contraint le Gouvernement à faire des choix. Nous avons deux alternatives : soit nous réduisons nos ambitions nationales et internationales pour n'être dotés que d'une armée de second rang et nous ferons alors partie du concert des petites nations ; soit nous essayons de conserver notre souveraineté et de remplir nos obligations internationales. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité et détenteur de l'arme atomique, nous devons disposer d'une armée de premier plan. Je note d'ailleurs que parmi les pays européens, seuls les Britanniques et les Français peuvent y prétendre.

Pour traverser ce moment difficile, seules deux solutions s'offrent à nous : soit nous ralentissons le cadencement de la production industrielle de matériel, soit nous réduisons l'entraînement de nos soldats et leur équipement. Or la dernière hypothèse reviendrait à les fragiliser.

Pour ma part, je ne peux accepter que la France tienne ses engagements en envoyant ses militaires dans des situations de guerre, comme c'est le cas en Afghanistan, sans leur donner les moyens de leur sécurité. Ce dilemme concerne avant tous les états-majors et le ministère, mais aussi le Parlement, qui est comptable des vies autant que des deniers. Et c'est pourquoi la solution, pour l'instant, me semble résider dans l'étalement de la fabrication de certains matériels. Cet effort doit encore être précisé mais il est indispensable pour maintenir l'entraînement. Aujourd'hui, nous sommes juste au niveau requis qu'il s'agisse du nombre d'heures de pilotage ou de jours sur le terrain ou en mer. Nos marins, par exemple, ne peuvent pas descendre au-dessous de cent jours en mer. Et, pour l'armée de l'air, la situation est encore plus critique, même si l'on peut recourir au simulateur.

Quant à l'impact de l'externalisation, il nous préoccupe depuis longtemps : M. Marc Francina a rédigé un rapport sur le sujet en 2007. Je vous invite aussi à consulter le dernier rapport d'étape de François Cornut-Gentille et de Bernard Cazeneuve, dont une partie concerne les effets de l'externalisation.

Il en est de même pour les mesures d'économie : nous devons nous assurer que les initiatives du Gouvernement, qu'elles concernent les personnels civils ou militaires, permettent de réaliser de vraies économies, justifiant des manoeuvres aussi complexes et socialement difficiles. Déplacer le 13e régiment de dragons parachutistes de Dieuze à Souge, par exemple, n'est pas simple, ni sur le plan matériel, ni pour les familles, ni pour l'économie de Dieuze. Nous sommes attentifs à ce que de telles mesures soient réellement efficaces.

Je vous remercie pour ces échanges instructifs.

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