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Intervention de Anny Poursinoff

Réunion du 28 septembre 2010 à 15h00
Immigration intégration et nationalité — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnny Poursinoff :

Noël Mamère a rappelé que nous nous nous sommes rendus hier dans un centre de rétention. C'était la première fois que j'en visitais un et j'ai été profondément choquée : il s'agissait d'une véritable prison, avec des tables et des bancs en fer, même si les portes n'étaient pas fermées à clef. (Protestations sur les bancs du groupe UMP. – Bruits ininterrompus.)

Il était extrêmement dur pour moi de visiter un endroit où des gens sont privés de liberté pour avoir commis l'énorme faute d'être étrangers. C'est effectivement sur ce seul critère qu'ils sont là.

Certes 70 % ou, peut-être, 80 % d'entre eux ressortiront libres de cet endroit. Qu'attend-on pendant leur rétention ? On attend que leur pays d'origine dise s'il les reconnaît, oui ou non, comme ses ressortissants ; on attend de savoir s'ils auront un visa. Cela justifie-t-il la prison ? Pour cette seule raison, vous les punissez, pendant trente-deux jours, et vous voulez maintenant porter cette durée jusqu'à quarante-cinq jours : c'est indigne !

Vous nous avez assuré qu'on soignait tout le monde, mais nous avons rencontré, dans ce centre de rétention, un monsieur atteint d'un grave problème rénal, qui séjournait en France depuis vingt et un ans. Il a effectivement vu un médecin, mais celui-ci ignorait qu'on le mettait aujourd'hui dans l'avion ! Que va devenir cet homme, gravement malade ? Est-ce de l'humanitaire ? Aurait-on des raisons d'être fier d'être français dans de telles conditions ? Non ! On est fier d'être français lorsque l'on est proche des gens, lorsque l'on est ouvert, lorsque l'on ne construit pas une forteresse. La forteresse Schengen, la forteresse européenne ne vous suffisent pas, et il vous faut une forteresse en France ! Je ne suis pas fière de cela. Je suis en revanche fière de voter contre ce projet qui aurait effectivement dû retourner en commission pour que l'on puisse trouver de meilleures solutions.

Vos propositions ne sont pas bonnes, nous ne pourrons pas les soutenir, vous le savez très bien. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC. – Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

(La motion de renvoi en commission, mise aux voix, n'est pas adoptée.)

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