Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à Mme la ministre d'État, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés.
Madame la ministre, voilà plusieurs mois que les députés du groupe SRC réclament la désignation d'un juge d'instruction afin que toute la lumière soit faite dans ce qu'il est désormais convenu d'appeler l'affaire Woerth-Bettencourt. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Nous ne pouvons pas nous contenter des extraits de procès-verbaux transmis à la presse par tel ou tel. Hier, ce n'est plus l'opposition, mais M. Nadal, procureur général près la Cour de cassation, autorité morale incontestée, le plus haut magistrat du Parquet de France, qui a publiquement recommandé la saisine d'un juge d'instruction pour poursuivre les investigations.
Cet avis est d'abord un avis de bon sens : les révélations sur les nombreux conflits d'intérêts, l'imbrication entre le cercle des donateurs de l'UMP et le traitement de certains contentieux fiscaux, comme l'affaire Bettencourt pour laquelle la fraude est désormais connue, l'affaire Wildenstein, l'affaire César, la vente des domaines de la forêt de Compiègne pourtant réputés inaliénables, les remises de légions d'honneur, les soupçons qui entourent le financement de la campagne présidentielle de 2007, ou encore les dons à des micro-partis, tout cela pèse sur la vie politique de notre pays et chacun attend de la justice qu'elle puisse enfin faire son travail, c'est-à-dire faire éclater la vérité.
Cet avis du procureur Nadal est également un désaveu du procureur Courroye, ami du pouvoir…