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Intervention de Jean-Marc Ayrault

Réunion du 30 septembre 2010 à 9h30
Immigration intégration et nationalité — Article 3 bis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Ayrault :

Ou est-ce du côté de ceux qui pensent qu'en toutes circonstances, notamment dans les plus difficiles, où les Français doutent et sont inquiets pour leur avenir, il faut revenir aux fondamentaux qui nous rassemblent, c'est-à-dire aux fondamentaux de la République, du côté de ceux qui, au-delà des différences politiques, sont soucieux, avant toute autre considération, de l'intérêt général et de l'honneur de la République française, parce que, déjà Français ou devenus Français, ils en sont fiers et sont blessés par les atteintes portées à sa réputation par des observateurs étrangers ?

J'ai moi-même ressenti une gêne cet été face aux questions de mes interlocuteurs étrangers. Ils ne portaient pas de jugement, me parlaient avec respect mais ils s'interrogeaient sur ce qui se passait en France et sur les raisons pour lesquelles notre pays ne portait plus le message universel de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui a fait le tour du monde et est même devenu la charte des Nations unies. C'est cette question que je pose à ceux qui auront à voter tout à l'heure sur ce texte.

Je me souviens d'une phrase, d'une simple phrase, de Michel Noir qui a sauvé, à une époque, l'honneur d'une partie de la droite. Il avait, en effet, déclaré qu'il préférait perdre une élection que perdre son âme. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Je tenais à la rappeler, car elle est à l'honneur de cette partie de la droite qui est républicaine. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Oui, je le répète, nous sommes à un tournant de la législature et du quinquennat de Nicolas Sarkozy, l'objectif étant de planter un décor nouveau avant la prochaine élection présidentielle.

Je ne fais pas partie de ceux qui diabolisent Nicolas Sarkozy. (Rires sur les bancs du groupe UMP.) Non, le débat et la critique sont politiques.

Je ne pense pas que les dispositions qui nous sont proposées ne soient qu'un effet de son caractère ou d'un emportement, même si cela peut lui arriver comme à d'autres. Elles sont le fruit d'une analyse pointilleuse, d'une stratégie délibérée visant, comme je le disais, à installer un nouveau décor pour la prochaine élection présidentielle. Elles procèdent d'une stratégie permanente de la tension et de l'opposition des Français entre eux.

Croyez-vous que la distinction terrible qu'il a faite dans son discours de Grenoble entre les Français de souche et les Français d'origine étrangère soit due au hasard ? Croyez-vous qu'il ne s'agisse que d'un dérapage verbal ? Non ! Cela découle, je le répète, d'une stratégie, qui peut conduire à des situations catastrophiques pour la France.

Comme je l'ai évoqué, lors des journées parlementaires du parti socialiste, il pourrait même s'agir d'une stratégie d'alliance de revers. Oh, je ne dis pas que ce soit déjà décidé. Mais cette possibilité n'est, hélas, pas exclue par celui qui se trouve aujourd'hui à la tête de l'État.

À force de développer ces thèses et d'opposer les Français entre eux, vous créez, mesdames, messieurs de la majorité, un climat, vous suscitez des habitudes et conduisez à une certaine banalisation.

Le futur candidat du Front national à l'élection présidentielle sera bientôt désigné. J'ai entendu, il y a quelques jours, par hasard, une interview croisée des deux protagonistes, que le mot « antagonistes » qualifierait mieux. L'un dit vouloir rassembler l'extrême droite identitaire tandis que l'autre avoue n'avoir d'autre but que de gouverner. Gouverner seul ? Qui peut l'imaginer ? Alors, avec qui ? La question est posée.

J'ai fait référence à une enquête qui paraîtra prochainement dans News Week mais je n'ai pas besoin de ce magazine pour savoir ce qui se passe en Europe. Partout où les extrêmes droites sont rentrées au parlement ou sont rentrées renforcées comme aux Pays-Bas, elles essaient de se donner un visage plus respectable, évitant les dérapages bien connus.

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