Cela peut l'amener à supprimer, un soir, la publicité sur les chaînes publiques, avec une conséquence budgétaire de 300 millions d'euros.
Le Président peut aussi se piquer de philosophie et faire du civilisationnisme – ce qui n'était sans doute pas très grave, puisque tout le monde semble avoir déjà oublié. Une autre fois, il peut se piquer de chiffres émanant du ministère de l'intérieur. Comme cela a été dit très justement tout à l'heure, il n'y a rien de plus attentatoire à l'humanité que les chiffres. Comment voulez-vous qu'un administratif, un préfet puisse faire preuve d'humanité quand on lui impose une politique de chiffres ?
Enfin, à l'issue d'un incident extrêmement regrettable survenu à Grenoble, il y a eu un discours que vous considérez comme fondateur, alors que nous l'estimons destructeur pour la République – un discours très grave, qui appelle à la guerre, bref, un discours que l'on pourrait qualifier de dérapage. Je ne suis pas fier lorsque je découvre aujourd'hui, en couverture de l'hebdomadaire américain Newsweek, le portrait de notre président illustrant le titre Europe's New Extreme. Quand on sait ce que le mot extreme évoque pour les Anglo-Saxons, on ne peut que trouver cela « extrêmement » impressionnant, sans vouloir faire de jeu de mots.
Une douzaine de députés ont voté, tout à l'heure, en oubliant complètement le principe selon lequel la France est une et indivisible. Plus modéré, M. le rapporteur a évoqué l'année 1889. Bien que n'étant pas un grand historien, je suis assez fier de cette période, lors de laquelle Ernest Renan a donné la définition de la nation.
En 1889, donc, la nation a été définie en fonction de la citoyenneté, l'intégration ethnique étant, elle, abandonnée. Il y avait, là, de quoi être fier.