Qu'apporterait la double sanction que vous proposez ? Rien en matière de dissuasion, et pas davantage pour ce qui est de la peine.
La déchéance de la nationalité n'a d'autre vocation que d'ouvrir un débat dangereux au sein de la communauté nationale. Je dirai même un débat nauséabond, comme celui que vous aviez lancé autour de l'identité nationale et qui a trouvé son prolongement dans l'amalgame scandaleux entre délinquance et immigration pratiqué à Grenoble par le Président de la République. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
La brèche est ouverte dans laquelle le ministre de l'intérieur s'est déjà engouffré, qu'il s'agisse de la polygamie ou de la proposition, relayée ici par votre rapporteur, de limiter l'accès aux soins de personnes gravement malades, au risque de les renvoyer chez elles pour une mort certaine. En dehors de cet hémicycle, un parti extérieur à l'arc républicain trouve dans ces mesures la légitimation de son discours. Le moment présent n'est donc pas anodin.
Mes chers collègues, je le dis avec gravité : la conquête du pouvoir et le combat pour sa préservation n'autorisent pas toutes les outrances. Derrière ces clivages que l'on creuse, il y a des êtres que l'on blesse, des enfants dont on entrave le désir sincère d'intégration. Derrière ces oppositions que l'on accroît, cette peur de l'autre que l'on agite, il y a l'image de la France qu'on abîme.
Qui n'a pas été gêné, dans cet hémicycle, en apprenant, en début d'après-midi, que la Commission européenne était sur le point d'ouvrir une procédure d'infraction après les récents renvois de Roms ? C'est pourquoi je remercie à nouveau les députés de la majorité – Étienne Pinte comme d'autres – qui ont affirmé avec courage qu'ils n'accepteraient pas de voter cette disposition.
J'ai bien conscience qu'il ne doit pas être facile de s'opposer au chef de l'État quand on appartient à la majorité. J'imagine la pression à laquelle on doit être exposé. (Murmures sur les bancs du groupe UMP.) Mais c'est parce qu'au cours des deux derniers siècles…