Tout à l'heure, j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt le témoignage de notre collègue Vergnier sur son père qui travaillait comme ouvrier chez Michelin, et je me suis dit qu'il serait bon que je témoigne aussi, posément mais avec force, sur ma propre expérience.
En effet, j'ai été salarié de l'industrie pendant vingt-huit ans, de 1958 à 1986. J'ai travaillé en deux huit et en trois huit pendant toute cette période. Je sais donc de quoi je parle. Vingt-quatre ans après, puisqu'il y a vingt-quatre ans que je suis élu à l'Assemblée, je n'ai pas oublié ce qu'était le travail posté.
Avant la loi de 2003, rien n'était prévu pour les carrières longues. Nous avons voté alors un dispositif en leur faveur, que le présent projet de loi élargit puisque les personnes qui ont commencé à dix-sept ans seront désormais concernées.
Quant à la pénibilité, elle n'a jamais été traitée jusqu'à aujourd'hui, pas plus par vous que par nous. Certes, en tant qu'ancien salarié, j'aurais souhaité qu'on aille plus loin, mais je pense que l'amendement de Pierre Méhaignerie, que j'ai cosigné et qui viendra en discussion tout à l'heure, va dans le bon sens. Je ne suis pas de Clermont-Ferrand, je viens de l'Isère, mais quand je rencontre mes collègues qui, aujourd'hui encore, travaillent en deux huit ou en trois huit, je ne me fais pas agresser, ils savent que je suis sincère, même si je diffère peut-être de vous dans mes réflexions, chers collègues de l'opposition. En tout cas, je ne pense pas que nous ayons à rougir de ce que nous faisons ici, et je souhaite au contraire que nous soyons nombreux à progresser dans ce domaine. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)