Vous laissez entendre qu'au fond, mes observations sur la pénibilité seraient si approximatives qu'elles rendraient impossible toute initiative pour améliorer la retraite des salariés concernés.
Je ne suis pas ici le simple relais des organisations syndicales. Mais puisque – vous nous l'avez dit plusieurs fois – vous prétendez les respecter, je souligne que je n'ai fait que reprendre ce qu'ont dit les organisations syndicales. Elles ne se satisfont pas des mesures que vous avez prises, et elles recommandent de partir des réalités que je viens de décrire, pour, à partir de vraies négociations, en arriver à de vrais accords définissant qui peut partir à la retraite plus tôt, afin que chacun puisse bénéficier d'une vraie retraite.
Vous dites aussi qu'il y aurait une exception française, que nous serions incapables de voir ce qui se passe ailleurs. D'abord, il est toujours très difficile de comparer les systèmes de retraite d'un pays à l'autre : il est trop facile d'isoler quelques éléments qui vous arrangent, et ce n'est pas très utile pour faire avancer le débat. Reste que je sais quand même deux ou trois choses. Ainsi, la Pologne – que vous évoquiez tout à l'heure – a mis en place des dispositifs de cessation anticipée d'activité : ils concernent 270 000 salariés, et soixante-quinze activités professionnelles. Il y a donc bien eu négociation, et définition. Vous évoquez l'Italie, mais le gouvernement Prodi avait bien arrêté des mesures permettant de partir plus tôt. Simplement, le gouvernement Berlusconi refuse de prendre les décrets d'application. Ces mesures devaient concerner 1,4 million de salariés.
Quant à cette Allemagne que vous invoquez souvent, il faut savoir que le dialogue social y est beaucoup plus puissant. Dans les branches, des accords collectifs permettent à des salariés exposés à des conditions de travail pénibles de partir plus tôt à la retraite.