Il estimait à 20 millions le nombre d'actifs concernés par au moins un des critères de pénibilité. Cela fait beaucoup de monde ! Tout le monde, évidemment, n'est pas concerné au même degré. C'était d'ailleurs l'objet de la négociation : il s'agissait d'arriver à un compromis qui permette aux salariés les plus exposés à la pénibilité – ceux que mes collègues ont décrit il y a quelques instants – de partir plus tôt à la retraite.
Pourquoi partir plus tôt ? Mais tout simplement pour bénéficier de sa retraite ! On sait très bien que les cancers liés au travail se déclarent souvent bien après le départ à la retraite. Les statistiques sont claires, et elles ont encore été précisées ces derniers jours. Il en va de même pour ceux qui travaillent la nuit ; il en va de même pour ceux qui souffrent de troubles musculo-squelettiques.
Ce qui est sûr, c'est que tant la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail que l'INSEE ont démontré qu'à trente-cinq ans, les hommes cadres supérieurs peuvent espérer vivre encore en moyenne pendant quarante-sept ans, dont trente-quatre indemnes de toute incapacité majeure. Mais les hommes ouvriers n'ont pas cette chance : à trente-cinq ans, leur espérance de vie est inférieure de six ans à celle des cadres, et leur espérance de vie sans incapacité est plus courte de dix ans que celle des cols blancs. Il y a donc bien un problème !
Et c'est un problème que vous ne traitez pas du tout, monsieur le ministre. Ce que vous nous avez encore dit il y a quelques instants le montre !
La pénibilité, qu'est-ce que cela veut dire concrètement ? Il y a les témoignages eux-mêmes, il y a les témoignages rapportés par mes collègues, notamment celui de Michel Vergnier, sur lequel vous avez ironisé, alors qu'il parlait non seulement comme parlementaire, mais aussi comme fils d'ouvrier, sachant exactement de quoi il parlait ! (Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP.)