Après l'excellente intervention de Michel Issindou, je voudrais préciser un point dont nous avons peu parlé jusqu'à présent : la pénibilité et les incapacités liées au rythme de travail – qui n'apparaissent pas, d'ailleurs, au moment du départ en retraite. Les rythmes de travail concernent un certain nombre de métiers aux horaires décalés, irréguliers, hachés : les salariés sont amenés à travailler tantôt le matin, tantôt le soir, sans délai de prévenance suffisant, ce qui ne leur permet pas de s'organiser.
Je vous ai déjà fait part du mécontentement des métiers de la santé, en particulier des infirmières. La réforme des retraites des infirmières et des métiers de santé ne comportait aucune mesure relative à la pénibilité des horaires de nuit, ce qui montrait bien le peu d'intérêt que vous portiez à cette question.
Or les horaires décalés concernent souvent des métiers exercés par des femmes – je pense aux caissières, aux services à la personne ou encore aux centres d'appel. Depuis vingt ans, la forte hausse de l'activité des femmes – elles représentent maintenant à peu près à 48 % de la population active – s'est faite essentiellement sur du temps partiel. Ce qui explique les « petites carrières », comme vous le dites souvent, monsieur le ministre ; mais aussi les horaires décalés et hachés.
Au moment de prendre leur retraite, les femmes font le rapport entre ce que va leur rapporter leur carrière incomplète et la pénibilité qu'elles y ont subie. Or aujourd'hui 30 % d'entre elles doivent aller jusqu'à 65 ans pour avoir une carrière complète. Autrement dit, 30 % des femmes, dans ces métiers à horaires décalés qui sont des métiers pénibles, devront attendre jusqu'à 67 ans.