Monsieur le Premier ministre, des millions de nos concitoyens sont descendus dans la rue pour demander le retrait de votre réforme. Les syndicats unanimes et 73 % des Français condamnent votre texte. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Vous répétez à longueur de temps vouloir « protéger la retraite des Français ». Mais est-ce les protéger que d'imposer le recul de l'âge de la retraite à 62 et 67 ans ? Est-ce les protéger que d'allonger la durée de cotisation ? Est-ce les protéger que d'interdire à ceux qui ont exercé des métiers pénibles de partir avant 60 ans et d'imposer des conditions si restrictives qu'une infime minorité seulement y aura droit ? Est-ce protéger la santé des salariés que de placer la médecine du travail sous la tutelle des employeurs, comme vous venez de le faire ? Cessez de vous moquer du monde ! (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Votre volonté n'est pas de préserver notre système de retraite, mais de rassurer les milieux financiers, rien de plus ! Votre ministre, M. Woerth, l'a admis en séance publique : l'argument démographique que vous brandissez à tout propos n'est que prétexte à une manipulation de l'opinion. Les députés communistes, républicains et du Parti de gauche ont apporté la preuve qu'il n'y aura pas de solution au financement des retraites sans création d'emplois et sans augmentation des salaires, et ont démontré qu'une autre répartition des richesses est possible, déposant une proposition de loi en ce sens.
Comment avez-vous l'audace d'imposer à nos concitoyens de nouveaux sacrifices à l'heure où l'on apprend que les groupes du CAC 40 ont engrangé 41,5 milliards de bénéfices ces six derniers mois ? Vous devriez vous rendre l'évidence : vous avez été désavoués et battus sur la Constitution européenne comme sur le CPE. Vous serez demain, soyez-en sûr, contraints de plier devant l'ampleur de la mobilisation populaire ! (Les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine applaudissent, se lèvent et brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire : « Taxer le capital », « La lutte continue » et « Retraite à 60 ans » – Vives protestations sur les bancs du groupe UMP.)