La réponse du ministre est précise, malheureusement. Nous avions l'intuition que la question n'avait pas bien été réfléchie. Le RSA, que nous avions soutenu, devait inciter les gens à reprendre une activité professionnelle. Sauf que chacun a compris qu'au fond, on va leur rendre un mauvais service par rapport à leurs droits à la retraite. On va leur dire d'aller travailler, mais, comme cette période de travail va générer l'application du RSA, le surplus correspondant au travail ne sera pas suffisant pour valider des trimestres. Il faut bien les informer de ce qu'on est en train de leur proposer, c'est-à-dire une très grande précarité – on peut difficilement faire mieux en la matière – alors que l'on s'adresse à ceux qui sont parmi les plus en difficulté dans la société. Cet éclairage sur la collision entre les deux dispositifs me paraît particulièrement inquiétant. Il faudra bien expliquer aux futurs bénéficiaires du RSA que les efforts qu'ils vont faire pour rentrer dans la vie active – quoi qu'on pense par ailleurs du RSA et des possibilités d'une généralisation de la précarité par ce moyen-là – ne seront pas pris en compte. Non seulement ils auront été des travailleurs en difficulté mais, en plus, ils seront demain des retraités pauvres.