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Intervention de Serge Grouard

Réunion du 26 juin 2008 à 15h00
Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Grouard :

Si l'on veut, mais ce n'était qu'une bataille.

Le semblant de concert des puissances qui se dessine actuellement entre les États-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde, l'Europe et le Japon ne pourrait-il pas être bouleversé par l'ascension de l'une ou l'autre de ces puissances, alimentée par les tensions que nous voyons aujourd'hui à l'oeuvre ? Je pense à la logique d'appropriation des ressources naturelles, par définition limitées, dans un contexte de croissance économique forte, notamment en Asie, mais aussi aux divergences d'intérêts entre États, autour notamment de ce que l'on pourrait qualifier de conflit écologique ou environnemental, autrement dit des divergences profondes quant à l'attitude à adopter face au réchauffement climatique qui menace.

Dans cette hypothèse, que vous jugerez peut-être fantaisiste, quelle serait l'attitude de la France et comment notre dispositif militaire pourrait-il remonter en puissance ? Nous serions, toutes proportions gardées, dans une situation analogue à celle qu'évoquait Paul Reynaud, qui parlait peut-être lui aussi devant un hémicycle presque vide. Toujours est-il que notre avenir international ne serait plus du tout ce qu'il est aujourd'hui parce que, pour la première fois de notre histoire, la puissance dominante ne serait pas une puissance occidentale, ce qui constituerait un bouleversement stratégique encore plus important que l'effacement de l'ordre bipolaire ou le passage des États-Unis au statut d'hyperpuissance plus récemment.

Ce Livre blanc – dernier aspect fondateur – pose un diagnostic lucide sur l'état de notre outil de défense. Il avait à intégrer un triple héritage et il l'a fait : deux héritages positifs et un négatif. Le premier héritage est l'héritage gaullien, avec la construction de la dissuasion nucléaire qui, des décennies plus tard, continue de constituer le socle de notre défense, ultime garantie et outil d'indépendance qui nous confère le statut de puissance et renforce notre liberté de décision.

Le deuxième héritage, plus récent, est celui de la professionnalisation des forces, décidée en 1995 par le président Jacques Chirac. Celle-ci constitue aujourd'hui une sorte d'évidence, alors qu'elle était contestée à l'époque, et le socle sur lequel nous pouvons construire l'outil de défense de demain.

Le troisième héritage, négatif celui-ci, est celui des années 80 – j'ai entendu récemment en la matière des propos surréalistes qui émanaient pourtant de spécialistes de la défense. C'est bien dans les années 80 et dans la première moitié des années 90 que des erreurs majeures ont été commises dans les choix d'équipements qui ont été faits, dans les programmes qui ont été validés, mais aussi avec des non-choix et des artifices budgétaires qui ont conduit à rouler une bosse comme on porte sa croix. Aujourd'hui, le Livre blanc propose d'y mettre un terme, afin que, à l'avenir, nous disposions d'autre chose qu'une simple défense de papier.

Enfin, je veux saluer l'effort accompli en matière de renseignement et de spatial militaire, avec la continuité du service dans le domaine de l'observation spatiale – c'est le programme Musis – et les éléments qui sont proposés dans le domaine du renseignement d'origine électromagnétique, de l'alerte avancée et de la surveillance de l'espace, qui permettra à la France de conforter son troisième rang de puissance spatiale mondiale.

En conclusion, Paul Reynaud, qui n'a pas été écouté, proposait de créer l'armée de nos besoins pour mettre de côté l'armée de nos habitudes. C'est ce que ce propose ce Livre blanc. Madame, monsieur le ministre, il faut maintenant le conduire à son terme. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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