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Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du 26 juin 2008 à 15h00
Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Ce débat ne constitue pas seulement la garantie de la sécurité des Français ; il représente aussi un moyen au service d'une politique étrangère. Débattre aujourd'hui du visage qu'auront demain nos armées, c'est obligatoirement dessiner la place et le rôle de la France dans le monde.

De la réalité de ce monde, de ses nouvelles menaces, de notre vision de la France, de ce que nous voulons pour nos concitoyens, découlent le format de notre défense, ses alliances, l'effort de la nation, et non l'inverse, à moins de vouloir subir plutôt que maîtriser notre destin.

Ce Livre blanc était donc nécessaire et très attendu. Mais, à sa lecture attentive j'ai été particulièrement surpris, car, en vérité, il y a deux Livres blancs, ou, du moins, deux sources d'inspiration qui aboutissent à un noeud de contradictions dont notre pays aura du mal à sortir.

Il y a tout d'abord le Livre blanc qui pose le diagnostic et trace les grandes orientations de ce que devrait être la politique de défense de la France, Livre blanc qui, à mon sens, ne peut recueillir que notre assentiment. Il décrit un monde plus imprévisible que jamais, aux menaces très diversifiées. Il analyse le retard d'investissement, qui date, reconnaissez-le, surtout de la période 1997-2002. Il définit les grandes orientations : l'anticipation, la dissuasion, la protection, l'intervention, qui exigent de nouveaux efforts, notamment dans le renseignement, ou de nouvelles méthodes, avec une polyvalence et une interopérabilité renforcées.

Mais il y a malheureusement un autre Livre blanc dans le Livre blanc : celui qui apporte de mauvaises solutions aux vrais problèmes. Comme si, en vérité, on avait demandé aux rédacteurs d'aboutir, au mépris d'un minimum de cohérence intellectuelle, à des décisions déjà prises, qui obéissent à d'autres contraintes, notamment financières ou idéologiques.

Permettez-moi d'insister ainsi sur deux contradictions majeures de ce Livre Blanc, un peu schizophrène : la réduction du format de nos armées tout d'abord, le retour dans l'OTAN ensuite.

Comment pouvez-vous prétendre affronter les nouvelles menaces en réduisant à ce point le format de nos armées, déjà sérieusement rétréci depuis 1994 ? Oui à la rationalisation ! Oui à la polyvalence ! Oui à la concentration des bases ! Mais non à une réduction qui, quoi que vous en disiez, ne touchera pas seulement les forces de soutien, mais aussi et surtout les trois armes, qui ne pourront plus répondre aux objectifs que vous leur fixez.

À la lecture du rapport, on comprend très bien que le cadrage budgétaire en a, en vérité, déterminé les conclusions. Abaisser encore l'effort militaire de la nation de 2,41 % du PIB à 2 % aura de très graves conséquences. Si vous ôtez les dépenses consacrées aux pensions – près de 9 milliards d'euros, soit 0,48 % du PIB – et celles réservées à la gendarmerie – 5 milliards d'euros, soit 0,27 % du PIB –, vous constaterez, mes chers collègues, que, dès aujourd'hui, notre effort est nettement inférieur à celui de la Grande-Bretagne : à peu près 7,8 milliards d'euros pour 2007.

Calculé sur la base de référence utilisée dans le cadre de l'OTAN, notre effort de défense passerait mécaniquement de 1,64 % du PIB à 1,22 %, soit, en pourcentage du PIB, à un niveau tout juste supérieur à celui de l'Allemagne mais inférieur à cette dernière en valeur absolue !

Comme l'affirme le fameux collectif Surcouf, …

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