C'est exactement le contraire de « travailler plus pour gagner plus », c'est « travailler plus pour ne rien gagner de plus » et cela se vérifiera particulièrement pour les ouvriers.
Il est question de pénibilité. Mais avez-vous songé un instant à quel point vous allez aggraver la pénibilité par le simple passage de soixante à soixante-deux ans ? Je vous conseille de lire l'ouvrage de Florence Aubenas où est mis en avant le cas de personnes dont il n'est pas beaucoup question dans le débat public. Elle décrit très bien le processus qui a obligé d'anciennes ouvrières de Moulinex, en Normandie, à prendre des emplois de femmes de ménage à temps partiel. Voilà les conséquences des délocalisations et de la désindustrialisation : on ne peut retrouver des emplois à temps plein dans cette fameuse économie de services dont vous parlez tant. Pour une personne qui fait deux heures de ménage le matin, deux heures l'après-midi ou le soir, qui est obligée de se lever très tôt et de se coucher tard, ne pensez-vous pas que travailler deux ans de plus va être particulièrement pénible ?