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Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 10 septembre 2010 à 9h30
Réforme des retraites — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

…bien sûr parce qu'ils défendent leur droit à la retraite mais aussi parce qu'ils perçoivent qu'à travers cette réforme phare du Président de la République, il y a la volonté de la majorité UMP d'effacer la notion même de droits sociaux au profit de vos règles libérales et du tout financier, quitte à rendre la vie des salariés modestes de plus en plus dure.

À mon tour, je vais insister sur la situation des femmes. On sait que seules 44 % d'entre elles réussissent à valider une carrière complète. On sait que la pension des femmes ne représente que 62 % de celle des hommes. On sait que les femmes ouvrières n'ont une espérance de vie que de soixante-quatre ans. Or, avec votre réforme, la situation de ces femmes va être rendue encore plus inégalitaire qu'il s'agisse du temps de travail ou du montant de leurs pensions.

Vous voulez effacer la notion de droit au profit de vos règles libérales, quitte à développer des arguments mensongers.

Commençons par l'argument de la démographie. À d'autres périodes, notre système de retraite par répartition a su faire face à une arrivée massive de retraités grâce à une situation où l'emploi, des salaires dignes permettaient au système de retraite de bien fonctionner. Ce qui menace aujourd'hui le système par répartition, c'est non pas la démographie, mais c'est votre politique de bas salaires, votre politique qui laisse les entreprises se délocaliser, votre politique qui laisse les entreprises procéder à des licenciements boursiers.

S'agissant de l'argument de l'espérance de vie, il faut bien voir que si celle-ci a augmenté, c'est précisément grâce aux grandes conquêtes sociales et démocratiques, grâce à la sécurité sociale, grâce au droit au repos, grâce également aux progrès des sciences et des techniques. Cet allongement s'est accompagné, de surcroît, d'un gain énorme de productivité. À espérance de vie plus longue doit correspondre un droit à un temps libre plus long. Le dogme selon lequel il faudrait travailler plus longtemps parce que l'on vit plus longtemps ne tient pas la route. Ou alors il faut aller plus loin dans votre raisonnement et remettre en cause la cinquième semaine de congés payés et faire travailler les enfants plus jeunes.

Oui, le droit à la retraite, au temps libre et au repos est une grande conquête sociale et ne saurait être soumis à vos dogmes financiers.

Vous invoquez les contraintes économiques, le déficit et la crise. En réalité, tout se passe comme si vous instauriez un règlement intérieur : « Europe libérale », « pas touche au capital », « servir avant tout les amis de la bande du Fouquet's » et que vous nous expliquiez ensuite que c'est à ce règlement intérieur que doivent se soumettre tous les droits qu'ont acquis nos concitoyens.

Nous refusons ce règlement intérieur libéral et nous proposons une autre répartition des richesses pour assurer le droit à la retraite à soixante ans à taux plein, sans allongement de la durée des cotisations.

Les moyens existent pour le faire. Nous avons déposé une proposition de loi qui donne à voir la manière de dégager les milliards nécessaires pour financer cette retraite à soixante ans sans allongement de la durée de cotisation. Il s'agit notamment de faire cotiser les revenus financiers à hauteur de 9,9 %, ce qui rapporterait l'équivalent du déficit de la caisse des retraites – plus de 30 milliards d'euros. Il s'agit encore de proposer, pour inciter au développement de l'emploi stable et bien rémunéré, une modulation des cotisations patronales. Il s'agit enfin de mener une véritable bataille pour l'emploi, en particulier au niveau industriel.

C'est cette possibilité de mettre en place une réforme alternative garantissant le droit à la retraite qui justifie la détermination des députés communistes, républicains et du parti de gauche à s'opposer à votre réforme régressive et à être aux côtés des salariés en lutte pour défendre nos propositions alternatives. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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