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Intervention de Jean-Michel Boucheron

Réunion du 26 juin 2008 à 15h00
Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Boucheron :

D'ici là, vous aurez le plaisir d'annoncer le résultat de la revue générale des politiques publiques. Si ses principes fondamentaux ne peuvent être sérieusement critiqués, je répète qu'elle ne pourra être légitime, et donc tolérée, que si elle est appliquée avec rigueur et humanité vis-à-vis des hommes et des territoires. Vous aurez à faire des choix extrêmement difficiles entre les impératifs opérationnels et les pressions industrielles.

Je voudrais parler plus particulièrement du rapprochement avec l'OTAN. L'argument utilisé est celui de la construction de la défense Européenne. Je pourrais y être sensible. Nos partenaires de l'est européen ne font confiance qu'à l'Amérique : il faudra bien leur dire que la menace n'est plus à l'Est. Quant à l'argument de M. Tony Blair sur la non-duplication, il est d'une hypocrisie absolue et revient à dire : il faut que les choses sérieuses restent entre les mains des Américains.

En fait, les problèmes que rencontre la défense européenne, ce sont les problèmes de l'Europe elle-même : manque d'identité européenne, donc manque de volonté d'une politique extérieure commune, donc pas de financement d'une défense commune. Ceux qui ont la volonté de construire l'Europe de la défense n'ont pas d'argent. Ceux qui ont de l'argent n'ont pas la volonté de la construire. Cette situation – espérons-le – évoluera. La défense européenne ne se construira que dans l'Union européenne non à l'extérieur, dans l'OTAN ou à côté. L'Europe de la défense ne se construira que dans des coopérations structurées approfondies, sujet par sujet, et nous n'avons pas besoin de traité pour cela.

Quelles sont les conditions de cette construction ?

D'abord, il faut prendre, enfin acte du message des peuples. Les peuples, les uns après les autres, disent la même chose : « Nous faisons plus confiance aux États qu'aux structures supranationales pour combattre les dangers de la mondialisation. Il faut faire la preuve de l'efficacité collective. » Vouloir force l'allure, c'est bloquer la machine. Cela demandera donc tout simplement du temps.

Ensuite, il faut créer la dynamique. La disparition de l'empire communiste a imposé aux Européens de l'Ouest le devoir de l'élargissement rapide. À partir de ce moment, tout système institutionnel basé sur le principe des vingt-sept droits de veto ou de majorités inaccessibles était voué à l'échec. Comme pour Schengen et l'euro, il faut avancer, sujet par sujet, avec ceux qui veulent avancer. Il est indispensable de créer un groupe leader de coopération de défense européenne.

Quelques pays sont prêts à participer à la création d'un centre de commandement et de planification européen, d'autres à mutualiser l'utilisation et l'entretien d'une flotte de transport aérien stratégique et de ravitailleurs, d'autres encore à fusionner les outils existants et futurs de renseignement spatial, d'autres à créer un réseau radar européen d'alerte avancée et de surveillance maritime, d'autres à européaniser les marchés d'armement, d'autres à coordonner les recherches industrielles, d'autres à créer un centre unique de lutte contre le cyber-terrorisme.

Que ceux qui veulent avancer vraiment ensemble avec des financements significatifs puissent enfin le faire sans veto ou contrôle bureaucratique de qui que ce soit. C'est par cette méthode que l'Europe de la défense se construira, pas autrement. Notre intégration à l'OTAN n'y changera rien. Elle est inutile pour la construction européenne. Alors, pourquoi intégrer l'OTAN ?

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