Si les études d'opinion démontrent un rejet massif de votre projet de reforme des retraites, c'est que les Français ont bien perçu les reculs importants que vous voulez imposer et le caractère injuste de vos propositions qui mettent à mal le pacte républicain.
J'en veux pour preuve la situation des femmes. Au-delà des inégalités qu'elles subissent dans la sphère privée, et au-delà de la question de l'articulation entre vie familiale et vie professionnelle, les femmes connaissent tout au long de leur carrière professionnelle des inégalités qu'elles vont continuer de subir au moment de leur retraite.
On peut citer les inégalités salariales, les interruptions de carrière pour cause de naissance, de prise en charge de la vie familiale avec les enfants ou auprès des parents ; le marché du travail beaucoup plus dur pour les femmes qui plus que les hommes connaissent le travail à temps partiel souvent non choisi, les CDD, l'intérim, et encore l'accès plus limité aux postes à responsabilité... Tous ces facteurs jalonnent le parcours professionnel des femmes, ils se répercutent et s'amplifient au moment de leur retraite qui est ainsi, en moyenne, inférieure de 40 % à celle des hommes. Plus de la moitié des femmes retraitées perçoivent une pension inférieure à 900 euros.
Cette situation n'est pas acceptable et il est inconcevable d'envisager une réforme des retraites sans prendre en compte cette réalité et sans mettre en place les outils nécessaires pour les corriger.
Quelles sont vos propositions ? Vous voulez reculer l'âge légal de la retraite à soixante-deux ans et celui de l'annulation de la décote de 65 à 67 ans. Autrement dit, vous amplifiez les difficultés spécifiques des femmes qui, plus que les hommes, ont des carrières incomplètes. C'est aberrant !