Le Premier ministre parlait de faillite à une certaine époque. Nous ne sommes naturellement pas en faillite, car nous avons une économie et un État capables de mobiliser des ressources, mais nous sommes dans une situation financière catastrophique qui ne laisse à aucun gouvernement de véritable marge de manoeuvre.
Un rapporteur du Sénat, qui n'appartient pas à l'opposition, a dit qu'il faudrait au moins 100 milliards d'euros pour assurer demain l'équilibre approximatif de nos comptes publics, et retrouver quelques marges de manoeuvre. Qui évoque cette question dans cet hémicycle ? Et pourquoi ne traitez vous pas de la question du retour à l'équilibre du système de retraites, que votre réforme ne garantit pas ? Pas plus que vous n'évoquez la dégradation de la situation des comptes de la sécurité sociale liée à l'assurance-maladie, les besoins de financement en matière de dépendance, et la nécessité de ramener nos déficits publics à hauteur des 3 % exigés, non seulement par l'Union européenne, mais simplement par la sagesse, parce que notre budget n'en peut plus de devoir rembourser des annuités de dette qui absorbent la totalité du produit de notre impôt sur le revenu, et qui vont nous coûter demain de plus en plus cher.
Si vous avez observé la situation sur les marchés financiers, vous aurez remarqué que, ces derniers jours, notre taux de base a augmenté de 0,6 point, ce qui représente un coût supplémentaire de remboursement de la dette de 1,8 milliard d'euros cette année. Cela signifie qu'au moment où nous cherchons des recettes pour assurer l'équilibre de notre système de retraites, par le simple jeu des déficits et de l'endettement que vous laissez filer, nous avons déjà perdu 1,8 milliard d'euros, que nous allons faire payer à nos concitoyens les plus modestes, faute de prendre les dispositions appropriées.
Si nous n'introduisons pas dans ce débat ces enjeux et cette réalité, alors nous ne sommes ni les uns ni les autres à la hauteur de notre responsabilité. Il est clair que vous souhaitez éviter ce sujet. Vous avez d'ailleurs concentré les regards et les projecteurs sur la question des retraites, justement parce que vous ne voulez pas aborder la réalité de la situation financière dans laquelle vous nous avez placés. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)