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Intervention de Hervé Morin

Réunion du 26 juin 2008 à 15h00
Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Hervé Morin, ministre de la défense :

On note d'ailleurs que des pays qui, jusqu'alors, se situaient plutôt en retrait, comme les pays d'Europe centrale et orientale, font désormais partie de ceux qui souhaitent que l'Europe de la défense trouve un nouvel élan. Il y a eu l'accord de Saint-Malo, premier temps de la construction de l'Europe de la défense. Un nouvel élan est nécessaire et nous entendons le donner.

Nous souhaitons d'abord renouveler la stratégie européenne de sécurité dans le cadre d'une sorte de livre blanc européen de la défense qui permettra aux Européens de réfléchir aux menaces et aux risques depuis la mer Baltique jusqu'à la mer Méditerranée. Ce livre blanc ne sera pas seulement un exercice intellectuel, il devra mettre en forme les capacités opérationnelles nouvelles que les Européens pourraient développer.

Le fameux centre de commandement et de planification permanent, longuement évoqué par Axel Poniatowski, constitue un autre axe majeur de réflexion. Ce centre nous paraît nécessaire. Nous nous trouvons en effet dans une situation baroque puisque nous disposons de cinq OHQ, ou cinq états-majors stratégiques, certes opérationnels quand l'Europe de la défense décide une action, mais répartis en France, en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni et en Allemagne.

Bien entendu, une telle configuration a un coût même si nous n'utilisons pas continûment ces états-majors. Dès lors que nous décidons une opération, il faut en effet faire appel à des officiers venant de l'ensemble des pays européens, ce qui prend bien entendu un temps assez long. Enfin, ces états-majors doivent apprendre à travailler ensemble, à mettre en oeuvre les procédures prévues et, dès lors qu'on les dissout, toutes les compétences acquises, toute l'expérience accumulée disparaît immédiatement.

Pour remédier à cette situation baroque, il faut créer un centre de commandement et de planification permanent. Il ne s'agit pas de concurrencer celui de l'Alliance atlantique, mais de pouvoir lancer, avec une cinquantaine ou une soixantaine d'officiers, des opérations à la mesure de l'Union européenne. C'est pour nous un enjeu majeur, cohérent avec les décisions prises au niveau européen.

En effet, quand l'Europe crée les GT 1 500 – les groupements tactiques 1 500 ou battle groups –, elle décide qu'ils doivent être opérationnels en dix jours. Comment y parvenir si nous ne disposons pas d'un centre de commandement et de planification immédiatement opérationnel ? Nous défendons cette position en ayant bien conscience que certaines réticences restent à lever. Cependant, des pays encore rétifs il y a quelque temps, comme l'Allemagne ou la Pologne, nous ont clairement fait savoir qu'ils y étaient désormais favorables.

Parmi nos propositions figure également le développement des capacités militaires européennes. Je pense au système d'observation satellitaire Musis, qui succède au programme Hélios. Je pense à la capacité de mettre une flotte d'A 400 M à la disposition des pays européens qui auraient besoin de transports tactiques. Je pense au plan d'évacuation des ressortissants européens en cas de crise, car il faut s'organiser à l'avance. Je pense à un réseau de surveillance maritime de nos côtes en temps réel, permettant à l'ensemble des pays côtiers de l'Union européenne de lutter plus efficacement contre certains trafics. Je pense enfin à une belle idée : l'Erasmus militaire, destiné à développer la conscience de la défense européenne chez les futurs cadres des armées en leur donnant la possibilité de suivre une partie de leur formation à l'étranger.

Voilà, monsieur le président Poniatowski, ce que nous souhaitons faire. Si nous avançons aussi vite dans notre volonté de fédérer les Européens autour de ce projet dont tout le monde s'accorde à reconnaître qu'il est ambitieux, c'est parce que nous avons levé l'hypothèque que l'Europe de la défense puisse se faire en s'opposant à l'Alliance atlantique. C'est parce que nous avons clairement affiché que l'Europe de la défense ne se construisait pas contre l'Alliance mais qu'elle lui était complémentaire que les Européens ont accepté de progresser.

Bien entendu, le Président de la République a conditionné le retour de la France au sein du commandement intégré de l'OTAN et sa participation à la rénovation de l'Alliance atlantique à une progression majeure de l'Europe de la défense. Permettez-moi de souligner que cette évolution politique fondamentale est nettement plus importante que la simple volonté de récupérer un commandement régional.

Que peut-on dire sur l'Alliance atlantique ? D'abord, nous en sommes membres depuis 1949. Ensuite, depuis 1989, à une époque où le Président de la République s'appelait François Mitterrand, nous avons accompli des pas progressifs pour participer au dialogue euro-atlantique.

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