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Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du 26 juin 2008 à 15h00
Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, madame et messieurs les ministres, chers collègues, l'intitulé de ce rapport est bien étonnant – le blanc est généralement associé à la paix –, lorsque l'on se réfère aux effets belliqueux que son application va produire. Le Gouvernement et le chef de l'État donnent l'illusion d'un volontarisme politique, intègre et réformateur, qui cache mal les intérêts économiques et financiers qu'il sert et les régressions politiques qu'il engendre. Derrière les arguments d'un nécessaire renouvellement matériel et d'une redéfinition stratégique de la défense et de la sécurité nationale, se dissimule en fait une logique guerrière.

Il suffit, pour s'en convaincre, de se pencher sur la volonté présidentielle de faire participer la France au commandement militaire intégré de l'OTAN. Il suffit également de se référer au discours du 17 juin, dans lequel le Président de la République souhaite que la France soit « capable de projeter 30 000 hommes, 70 avions de combat, 1 groupe aéronaval et 2 groupes maritimes », et qu'elle soit « capable d'entrer en premier sur un théâtre d'opération » et « d'y assumer la responsabilité d'être nation cadre. »

N'est-ce pas là l'affirmation d'une volonté de domination du monde par les armes ? N'est-ce pas là l'intention inavouée d'être à l'image de Georges Bush sur la scène internationale ? Mais oui, c'est là que réside l'enjeu principal de ce rapport ! Et, devant un tel acharnement à vouloir céder la France aux États-Unis, les députés communistes et républicains s'indignent, à la lecture de ce rapport, des choix faits pour y parvenir.

Avant tout, notons que le déni de démocratie devient une attitude habituelle de la part du Gouvernement. La composition de la commission du Livre blanc témoigne d'un mépris de la volonté populaire. Les partis politiques y étaient-ils associés en proportion de leur représentation pour y exprimer une volonté nationale ? Non ! Le Gouvernement n'a pas cru devoir y inviter des parlementaires communistes. Le pluralisme habituellement revendiqué aurait risqué, ici, de contrer une volonté présidentielle déjà bien arrêtée, que ce rapport ne fait qu'entériner. Quant aux parlementaires socialistes qui se sont accommodés de cet état de fait, ils ont abandonné la commission, percevant l'hypocrisie. Ne restaient alors que les parlementaires des groupes UMP. Quelle aubaine !

Dans ces conditions, quelle certitude avons-nous qu'il ne s'agit pas d'une commission fantoche, qui ne répond qu'en apparence aux besoins de transparence et de réflexion que requiert l'établissement d'une nouvelle doctrine de défense et de sécurité pour la France ?

Les voix pacifistes ont-elles été entendues ? Non ! Parmi les auditions de représentants de la société civile, aucune n'a permis de saisir les arguments pourtant riches des associations et des ONG de défense de la paix. Quelle en est la raison ? Le Gouvernement n'établit-il aucune relation entre la défense et la paix ? Sa conception de la défense est-elle essentiellement offensive et guerrière ? Je le crains, et je le démontrerai tout à l'heure.

Les élus locaux ont-ils été consultés à propos des fermetures d'établissements militaires ? Non ! Ils ont été mis devant le fait accompli, alors que leurs territoires vont en subir de graves conséquences en matière d'emploi, de développement économique, de services publics et de désertification géographique.

Certes, la politique de défense n'est pas une branche de la politique d'aménagement du territoire, comme le Président Sarkozy aime à l'affirmer. Et on ne peut pas s'en tenir à cette seule considération pour décider de l'implantation des structures de défense. Mais on ne peut négliger pour autant le fait que leur disparition est préjudiciable à plusieurs titres, notamment en termes d'emploi. In fine, il s'agit de la vie de milliers de personnes. Le Gouvernement a-t-il jugé accessoires ces conséquences humaines ? Il n'a proposé du moins aucun plan de reconversion ou de compensation pour ces territoires,…

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