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Intervention de Philippe Folliot

Réunion du 26 juin 2008 à 15h00
Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Folliot :

Non, ce n'est pas sa vocation. Il faut sortir d'une vision étatisée de l'industrie militaire pour encourager les transferts de technologies et de moyens du militaire au civil.

Dans le domaine de la recherche et de l'innovation militaire, les PME ne peuvent accéder aux grands marchés publics. Le modèle de la recherche duale doit inspirer notre stratégie d'équipement pour diffuser la croissance au plus près du tissu économique régional. Le cloisonnement à la française a fait son temps et, là encore, l'Europe peut montrer la voie à suivre pour de grands partenariats transversaux public-privé.

Il s'agit de soutenir non seulement nos grandes entreprises mais également les plus petites. Nous devons leur permettre de participer à la recherche et au développement des armées et les aider à relever les défis posés par une concurrence féroce sur des technologies de pointe. Le Livre blanc évoque l'idée de leur ouvrir davantage les marchés de défense et d'encourager les associations des grands groupes avec les petites entreprises. C'est une idée qu'il faut absolument concrétiser.

Nous comptons sur votre implication, monsieur le ministre, pour que, comme vous nous l'avez indiqué hier, la présidence française de l'Union européenne soit l'occasion d'avancées significatives telles qu'une réflexion commune sur les menaces et les risques et sur les capacités opérationnelles à mettre en oeuvre ; une formation commune des militaires sur le modèle d'Erasmus ; le développement de capacités communes en matière d'observation satellitaire ou en partie communes concernant le programme A400M par exemple ; ou encore la mise en place d'un plan d'évacuation des ressortissants européens en cas de crise dans le monde.

Un bémol cependant concernant l'arme nucléaire, qui est et doit rester une prérogative nationale. Cette indépendance totale issue de la position du général de Gaulle fait notre différence. Et bien que les choses aient beaucoup changé depuis l'élaboration de cette doctrine et que certains intérêts vitaux de notre pays soient devenus européens, c'est une nécessité pour nous d'affirmer une continuité et une indépendance en ce domaine.

Il est un autre sujet que je souhaite aborder et qui me tient à coeur, en tant que centriste mais surtout en tant que député : c'est le rôle du Parlement. Les pouvoirs du Président de la République sont renforcés, notamment par la création d'un Conseil de défense et de sécurité nationale mais également d'un coordonnateur national du renseignement et d'un Conseil national du renseignement. Pour notre part, nous soutenons cette orientation ainsi que l'idée de regrouper sur le site de Balard tous les centres décisionnaires en matière militaire. Au-delà des économies, ce sera un gage d'efficacité.

La défense est l'une des fonctions régaliennes du chef de l'État, la Constitution l'établit, et il me semble tout à fait logique et efficace que ce soit celui qui parle avec les grands de ce monde qui détienne les pouvoirs dans ce domaine et prenne les décisions qui engagent la France. Le Premier ministre a également un rôle de garant de la cohérence de l'action gouvernementale, il a donc tout à fait sa place dans cette nouvelle organisation des pouvoirs publics.

Mais, et ce n'est pas contradictoire, la défense doit avoir un lien privilégié avec la nation qui la supporte et la soutient. Et ce lien passe par ses représentants et donc le Parlement. Aujourd'hui, le rôle de celui-ci n'est que trop secondaire et nous considérons que ce n'est pas acceptable. Le contrôle n'est qu'a posteriori, tardif et limité. Sans tomber dans l'excès inverse d'une autorisation parlementaire préalable à toute action, nous sommes plutôt partisans d'une solution médiane consistant en une information donnée au Parlement dans un laps de temps court, comme nous l'avons proposé lors des débats sur le projet de modification de la Constitution.

Le lien privilégié entre la nation et l'armée est une question à laquelle nous sommes également très attachés. Ce lien est en effet le gage de l'adhésion de la population aux grandes orientations prises et aux actions menées en matière de défense. Les Français sont, à 90 %, favorables à l'armée et lui font confiance. C'est un sujet important sur lequel nous ne devons pas négliger nos efforts.

Le Président l'a bien compris : avec sa nouvelle stratégie qui englobe défense et sécurité nationale, il souhaite expliquer et montrer aux Français que la défense et la sécurité nationale ne sont pas des notions abstraites et lointaines, et que si notre pays vit dans la paix depuis plus d'un demi-siècle, c'est notamment grâce à l'effort que nous faisons pour avoir une défense à la hauteur des enjeux et des perspectives.

Pour parvenir à renforcer ce lien, nous devons également nous appuyer sur notre jeunesse. Auparavant, avec le service militaire, le lien était plus facile et évident. Avec l'abandon de la conscription, ce lien s'est modifié, même s'il a trouvé une autre traduction dans la JAPD, d'ailleurs plus universelle avec la présence de filles – ce dont nous ne pouvons que nous féliciter.

La réserve est un autre outil dans ce travail de renforcement du lien entre l'armée et la nation. Elle doit constituer un véritable vivier permettant un échange, une porosité des liens entre la société et l'armée. Il est important, pour les réservistes, pour leur milieu professionnel et pour nos forces, que certains citoyens puissent consacrer une partie de leur temps à l'armée.

En lien avec la réserve, je souhaite également évoquer la notion de mémoire, avec le rôle pivot des associations d'anciens combattants, qui est un facteur essentiel que nous ne devons pas négliger pour le renforcement du lien nation-armée. La République se doit d'être reconnaissante vis-à-vis de ses enfants qui ont combattu au péril de leur vie et qui ont vu nombre de leurs camarades tués au champ d'honneur ou blessés dans leur chair.

Un mot également sur la gendarmerie qui, pour moi, est un maillon de ce lien, étant donné son rôle dans l'aménagement du territoire.

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