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Intervention de François Fillon

Réunion du 26 juin 2008 à 15h00
Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

François Fillon, Premier ministre :

Cette grande nation européenne, sortie de soixante-dix années de dictature communiste, s'est engagée, pas à pas, sur le chemin de la démocratie et contribue de façon constructive aux équilibres du monde. (« Très bien ! »sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Mesdames et messieurs les députés, la contrainte budgétaire pèse sur les choix à venir, comme elle a pesé sur la réalisation du modèle d'armée 2015. Il aura manqué 24 milliards d'euros de crédits d'équipement sur la période 1997-2007 pour financer les acquisitions et les dépenses d'entretien initialement prévues dans les programmations : 24 milliards d'euros !

Dans le même temps, les effectifs du ministère de la défense n'ont pas évolué à la baisse, alors même que des efforts financiers d'amélioration de la condition militaire accompagnaient la professionnalisation.

Les conséquences du déséquilibre qui en résulte, nous les connaissons tous : des retards dans le renouvellement des matériels, l'allongement des phases de conception, de développement et de fabrication, des matériels anciens, parfois à bout de souffle, qui restent en service et génèrent à leur tour un surcoût de maintenance. Nos avions ravitailleurs accusent leurs 45 ans ; nos blindés légers et nos hélicoptères Puma approchent les 30 ans d'âge, mais leur remplacement simultané dépasse désormais nos possibilités.

L'urgence, aujourd'hui, c'est également de respecter notre objectif d'équilibre budgétaire à l'horizon 2012. C'est aussi important pour notre sécurité que l'appareil de défense que nous construisons. Être totalement dépendant d'un endettement accru n'est pas la meilleure façon de construire la sécurité de notre pays.

Atteindre l'équilibre budgétaire exige que la progression des dépenses de l'ensemble des administrations publiques soit plafonnée à 1,1 % par an. Compte tenu de l'augmentation tendancielle des pensions et de la dette, cela signifie une stabilisation en valeur de toutes les autres dépenses de l'État, sans compensation de l'inflation.

Ce 1,1 % par an, c'est un effort considérable que nous nous imposons. Le ministère de la défense devra naturellement y contribuer, par le biais des réductions d'effectifs que nous avons décidées. Les réformes à venir – y compris celles qu'induira la révision générale des politiques publiques – se traduiront par une baisse de 54 000 hommes. D'ici six à sept ans, le format global des forces armées, civils et militaires compris, sera de 225 000 hommes ; l'armée de terre en comptera 131 000, l'armée de l'air 50 000 et la marine 44 000.

En faisant cela, nous ne sacrifierons pas notre outil militaire à des impératifs financiers. Nous n'hypothéquerons pas notre sécurité de long terme à seule fin de franchir un cap budgétaire. Le Livre blanc qui vous est présenté ne consacre pas une politique de renoncement. Il pose au contraire les bases de la seule politique durable, c'est-à-dire d'une politique de double réalisme, militaire et économique. Ainsi, la France consacrera à sa défense un effort financier majeur et cohérent avec les choix retenus pour ses capacités.

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