Nous savons que notre système est en danger et qu'il a besoin de financements à hauteur de 45 milliards d'euros à l'horizon 2025. Tout le débat que nous avons avec vous porte sur la façon de trouver des recettes qui permettront de remettre le régime d'assurance vieillesse à l'équilibre. Que propose le Gouvernement ? De financer l'essentiel de son projet par le relèvement de deux bornes d'âge, celui du droit à la retraite à 60 ans et celui du départ sans décote à 65 ans. Cette mesure est tout simplement un nouvel impôt prélevé sur les Français, et pas n'importe quels Français. Pas les salariés qui, de toute façon, n'auraient pas atteint les 41,5 annuités à 60 ans, pas davantage ceux qui ont eu des carrières complètes et qui ne seraient jamais contraints d'atteindre 67 ans pour partir. Non, votre nouvel impôt pèsera sur celles et ceux qui vont devoir surcotiser au-delà des 41,5 annuités ; ceux qui ont commencé tôt, ceux qui ont des carrières pénibles, ceux qui ont l'espérance de vie la plus faible. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Votre nouvel impôt pèsera sur les Français qui ont eu des carrières hachées, qui ont connu le chômage. Il pèsera sur les femmes qui ont interrompu leur carrière pour élever leurs enfants, sur les épouses d'artisans ou d'agriculteurs. Ces salariés précaires devront attendre 67 ans pour atteindre le taux plein. Nombre d'entre eux et d'entre elles devront liquider leurs droits avant cet âge et accepter de se voir verser une pension réduite : j'en viens à me demander si tel n'est pas le calcul du ministre du travail et du Gouvernement… Votre nouvel impôt pèsera sur ces 60 % de Françaises et de Français de plus de cinquante-cinq ans qui ont perdu leur emploi et qui ne parviennent pas à retrouver du travail. Il leur faudra choisir entre attendre, parfois plus d'une décennie, ou accepter une baisse de leur pension. Ce calcul cynique, vous vous en cachez à peine, puisque lorsque nous prévoyons de ramener vers le travail 800 000 seniors en dix ans, vous jugez la perspective irréaliste !