Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, nous abordons ce projet de loi sur les retraites, que je qualifierai d'emblée de socialement injuste et d'économiquement inefficace, dans des conditions assez mauvaises : une seule lecture et seulement cinquante heures de discussion.
Les confédérations syndicales se sentent, de plus, particulièrement flouées par la concertation que vous prétendez avoir menée et qui n'a été qu'une duperie du début à la fin. Vous avez réussi le tour de force de braquer contre vous jusqu'aux organisations syndicales habituellement les plus modérées.
Le rejet massif du monde du travail est sans nuance ; les manifestations d'aujourd'hui en sont la preuve criante. Ce qui est en jeu, ce ne sont pas des aménagements à la marge, mais le rejet du coeur même de votre projet.
Ce débat est aussi une preuve de plus que la parole du Président de la République n'a qu'une valeur très relative. N'avait-il pas répété lors de sa dernière campagne présidentielle qu'il ne reviendrait pas sur la retraite à 60 ans ? Il est vrai qu'il est coutumier du fait : rappelons-nous sa promesse de ne pas privatiser GDF !
C'est toujours lui qui nous expliquait que, grâce à la réforme de 2003, dite réforme Fillon, le financement des retraites était garanti jusqu'en 2012. Visiblement, à l'UMP, ce qui compte est l'aplomb, non la véracité des faits.
D'ailleurs, monsieur le ministre, en vous écoutant, j'ai été interloquée par vos propos, que je résumerai en disant que vous avez asséné – au choix – des demi-mensonges ou des demi-vérités. « Qui peut croire… ? », avez-vous répété à plusieurs reprises, monsieur le ministre. Justement : qui peut croire un président de la République qui ne tient pas ses engagements ? Qui peut croire un ministre qui nous dit qu'il n'y a plus de problème de nombre de trimestres pour les femmes ?
Vous avez même dit qu'avec les dispositifs additionnels les femmes auraient bientôt plus de trimestres que les hommes !