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Intervention de Huguette Bello

Réunion du 7 septembre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHuguette Bello :

Loin d'atténuer les inégalités existantes, elle les aggrave. Les petits salaires, le temps partiel le plus souvent subi, les interruptions d'activité sont surtout le lot des femmes, et se répercutent sur leurs retraites. Elles seront donc encore plus nombreuses à devoir travailler jusqu'à 67 ans. À La Réunion, où bon nombre de femmes ne peuvent travailler en moyenne que 600 heures par an, il leur faudrait travailler une centaine d'années pour valider le nombre d'annuités requis par la règle dite des « 200 heures SMIC ». J'ose espérer que les solutions proposées par la présidente de notre délégation aux droits aux femmes pour la prise en compte de ces temps très partiels seront suivies. Tous les salariés qui n'ont pas d'emploi à plein temps, notamment les travailleurs saisonniers, attendent des améliorations dans ce domaine.

Autre difficulté qui pèse sur les retraites versées dans les départements d'outre-mer, l'arrivée tardive des versements de certaines caisses de retraite, parfois même leur absence. Il en est ainsi des exploitants agricoles, qui n'ont pas pu cotiser durant de longues années alors même qu'ils ont commencé à travailler très jeunes, ou encore des marins-pêcheurs, auxquels fut proposée une cotisation à taux minoré. Les répercussions de ces graves anomalies sur les retraites sont particulièrement redoutables, puisque leur montant ne dépasse guère 300 euros. Pour les uns comme pour les autres, la bonification de trimestres complémentaires serait particulièrement bienvenue. Pour eux aussi, une réforme des retraites devrait d'abord et avant tout se traduire par une revalorisation des pensions au-dessus du seuil de pauvreté.

La crise vient de nous en fournir une preuve éclatante : le financement du système de retraite repose en bonne partie sur le marché du travail. Des emplois créés, des emplois détruits, ce sont des cotisations vieillesse en plus ou en moins. L'efficacité et l'urgence incitent donc d'abord à mener une politique offensive en faveur de l'emploi.

Dans mon département, le chômage continue d'augmenter. Le secteur du BTP connaît une hémorragie sans précédent avec plus de 15 000 d'emplois détruits. Des groupes historiques sont en grande difficulté, et des menaces en cascade pèsent sur les salariés et les sous-traitants. Enrayer cette chute, c'est sauver les emplois, c'est financer les retraites.

Ce projet nous est par ailleurs présenté comme un texte pionnier en matière de pénibilité. Mais ce sujet très grave ne peut être confondu ni avec celui des carrières longues, ni avec celui du handicap. Ce que nous savons désormais de la souffrance des travailleurs nous interdit de parler avec légèreté de la pénibilité. Nous savons que les manifestations de cette souffrance sont diverses et que celle-ci revêt toutes sortes de formes physiques et psychologiques. Nous savons également que, dans le système managérial des entreprises, il lui est souvent difficile, voire impossible, de s'exprimer. Prenons donc garde à ne pas favoriser une individualisation de la pénibilité, qui détournerait notre attention du caractère collectif des souffrances au travail.

Monsieur le ministre, j'espère que vous m'avez bien écoutée et que vous apporterez des réponses aux questions que j'ai posées, notamment à propos de l'outre-mer. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)

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