Sur le relèvement des deux bornes d'âge, autre sujet majeur, marqueur lui aussi du projet sarkozyste, vous nous dites, pleins de bon sens, que puisque l'on vit plus longtemps, il paraît logique de travailler plus longtemps. Là encore, il serait temps que vous assumiez pleinement vos choix très marqués politiquement pour ne pas dire idéologiquement. Pour les libéraux que vous êtes, le temps de vie gagné doit obligatoirement être consacré à travailler. Pas un instant vous ne vous êtes dit que c'est peut-être parce que le travail occupe une place moins écrasante dans nos vies, peut-être parce que l'âge légal a justement été fixé à 60 ans, que nous vivons désormais plus longtemps. Selon vous, 62 ans serait l'âge de raison. Méconnaissez-vous donc à ce point les études en matière d'espérance de vie sans incapacité ? Elle est de 24 ans pour un homme ouvrier de 35 ans. Autrement dit, comme le développe Arnaud Parienty pour Alternatives Économiques, un homme ouvrier souffre d'incapacité à partir de 59 ans. Soixante ans est donc l'âge pertinent si l'on veut éviter aux salariés une fin de carrière très douloureuse.
Le problème est avant tout celui du chômage des jeunes, des conditions d'emploi des quinquas, vous ne pouvez l'ignorer. Un économiste venu de Mars ne comprendrait pas que la planète France débatte de la manière d'augmenter la durée du travail dans l'avenir pour des personnes ayant un certain âge alors que l'on ne parvient pas à donner aujourd'hui du travail aux jeunes… « Le Gouvernement veut donner l'impression qu‘il affronte la réalité, la vérité est qu'il fuit la réalité » : Emmanuel Todd ne pouvait mieux résumer le jeu de dupe du Gouvernement.
Ce gouvernement sait que moins d'une personne sur deux occupe un emploi au moment de faire valoir ses droits à la retraite. Sont en cause les conditions de travail, mais aussi et surtout l'attitude des entreprises se séparant de leurs quinquas à moindre frais sur le dos bien souvent de l'assurance chômage ou en recourant aux ruptures conventionnelles, nouvelle invention de la droite ! Mais il fait le choix de transformer de potentiels retraités en chômeurs, en invalides, sans se soucier du coût de ce report pour la société ! Un article paru dans Les Échos,le 28 juillet, dernier révèle que le report de 65 à 67 ans coûterait plus de 200 millions par an à l'assurance chômage, 18 000 personnes devant basculer par an du chômage à la retraite. Cette note technique réalisée par Pôle emploi, depuis maintenant plus de dix mois, n'a pas été versée à nos débats, ce qui est tout à fait préjudiciable.