Comme tout le monde l'a compris, les amendements que nous présentons mettent en exergue les différences idéologiques qui existent entre nous. M. le président ne s'y est pas trompé, puisqu'il intervient régulièrement par des remarques brillantes sur Zola, l'Allemagne ou encore le couvreur sur le toit.
Les amendements AS 285 et AS 286 pourraient, dans ce contexte, s'intituler « Le violon sur le toit », avec pour refrain « Ah, si j'étais riche ! ».
Au risque de vous paraître archaïque, je ferai quelques rappels historiques qui montrent que les arguments qui nous sont opposés sont les mêmes depuis 200 ans.
Au XIXe siècle, l'entrée des syndicats dans les entreprises allait sonner la fin de ces dernières. En 1936, il paraissait complètement impossible de payer des ouvriers à ne rien faire – cela figure dans les comptes rendus des commissions de l'Assemblée nationale. En 1980, l'octroi d'une cinquième semaine de congé pays allait tuer les entreprises.
Tout cela est de la vieille histoire, me direz-vous. Pas du tout. Il y a encore quelques semaines, un syndicat patronal a marqué sur un gros médaillon : « Non aux syndicats ! », et un député de la majorité a proposé une deuxième journée de solidarité…
En matière de solidarité, nous proposons, quant à nous, le relèvement à 20 % – contre 10 % actuellement – de la contribution patronale sur les stock-options et sur les attributions d'actions gratuites.
L'amendement AS 285 tend à taxer les entreprises. Mais, pour contrer la critique que vous ne manquerez pas de nous faire en nous rétorquant que le fait de faire payer les entreprises poussera ces dernières à quitter le pays, l'amendement AS 286 vise à taxer les individus. Quand l'excellence est invoquée au sujet de professeurs de faculté pour leur permettre de continuer à travailler jusqu'à 67 ou 70 ans, je suis d'accord. Mais, quand on évalue la valeur d'individus jusqu'à des dizaines de millions d'euros, je trouve cela excessif et indécent, par rapport aux 600 euros de minimum vieillesse touchés par certains retraités, qui ont beaucoup de mal à joindre les deux bouts.