Certains collègues ont dénoncé la méthode employée par le Gouvernement et la commission. À l'instar de ceux qui ont pris la peine de participer aux différentes étapes de l'élaboration du texte, elle me semble au contraire excellente. Les trois jours et nuits que nous nous apprêtons à consacrer exclusivement à son étude me semblent aussi un gage suffisant pour que nous puissions discuter dans la plus grande sérénité. Je comprends donc assez mal le contraste entre l'écoute dont nos collègues socialistes ont fait preuve pendant les quarante heures d'auditions et le ton qu'ils emploient aujourd'hui : hors l'intervention de Jean Mallot – lequel n'a d'ailleurs pas respecté les règles élémentaires de la discussion en commission – je n'ai pas entendu une seule remarque de fond. Plus de deux heures de débats ont été nécessaires pour exprimer seulement trois points de vue sur un mode polémique et itératif :
La crédibilité du Gouvernement, tout d'abord : mais est-ce nous qui, depuis des semaines, la mettons en cause ?
Ensuite, le huis clos – alors que tel est le plus souvent le cas en commission sans que personne n'y trouve à redire même si, comme François Bayrou, je considère qu'il s'agit là d'une pratique un peu vaine, compte tenu des moyens technologiques dont nous disposons. Plus généralement, si cette approche doit être remise en cause, que le caractère public des commissions soit alors explicitement formulé même si je doute, quant à moi, des bienfaits d'une telle systématicité.
Enfin, la campagne de publicité organisée par le Gouvernement. Nos collègues de l'opposition n'ont-ils pas la mémoire courte ? Je me souviens des affiches de quatre mètres sur trois – sur lesquelles avait d'ailleurs posé un chef d'entreprise de ma circonscription – que Mme Martine Aubry avait fait apposer partout dans notre pays pour vanter les bienfaits des 35 heures.
Au fond, nous ne faisons que marcher sur vos brisées !
Par ailleurs, j'avoue que nos débats m'ont fait évoluer : il me paraît aujourd'hui plus juste de « jouer » sur le paramètre de l'âge légal de départ en retraite – à condition toutefois d'y ajouter le dispositif de retraite anticipée pour les carrières longues – que sur celui de la durée des cotisations.
En outre, madame Billard, notre projet de société est moins « travail, travail, travail » que « retraites, retraites, retraites », et c'est précisément pour que ces dernières soient préservées que nous le défendons !
Enfin, le Fonds de solidarité vieillesse (FSV) – dont je préside le conseil de surveillance – cumulant 8 milliards de déficits, comment pourrions-nous laisser filer les déficits sociaux de façon abyssale et, à l'instar de nos collègues socialistes, défendre le Fonds de réserve pour les retraites, alors que ce dernier dépend des marchés boursiers et fonctionne partiellement sur le mode de la capitalisation ? Leur position n'est-elle pas à tout le moins inconfortable ? Je souscris donc quant à moi à l'utilisation la plus rapide et astucieuse possible du fonds de réserve !