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Intervention de Pierre-Alain Muet

Réunion du 20 juillet 2010 à 9h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

Monsieur le ministre, vous déclarez que les déficits ont vingt ans d'avance, ajoutant que si nous voulions les résorber par le biais de la durée de cotisation, il faudrait porter celle-ci à 47 annuités. Mais votre réforme ne distingue pas le déficit conjoncturel et le déficit structurel des retraites !

Il y a le long terme, et il est vrai que l'espérance de vie augmente et qu'il convient de mieux répartir les périodes d'activité et la retraite. Toutefois, pour nous, le critère le plus juste n'est pas celui de l'âge de départ à la retraite, mais celui de la durée de cotisation.

Non, les déficits n'ont pas vingt ans d'avance. Le déficit à long terme des retraites a certes une origine démographique, mais il correspond également à un phénomène structurel, lié à la réduction de la durée de l'activité. En effet, dans notre pays, les jeunes peinent à entrer sur le marché du travail et les seniors en sont exclus dès l'âge de 55 ans. Il faut agir sur cet aspect-là.

Ce déficit est également conjoncturel car, du fait de la récession, la masse salariale n'augmente que très faiblement, voire diminue. Il faut donc agir aussi sur l'emploi.

Votre réforme propose de résoudre le problème des retraites uniquement par des mesures démographiques. De fait, c'est une réforme déséquilibrée. Ainsi, elle est dépourvue d'une vraie réponse en matière de politique de l'emploi. La résorption du déficit conjoncturel passe nécessairement par des créations d'emplois et l'augmentation de la masse salariale, et non par des mesures démographiques. Si vous choisissez aujourd'hui de repousser l'âge légal, ce qui va à l'encontre de la réforme de 2003 qui s'appuyait sur la durée de cotisation – position que la CFDT soutient depuis longtemps –, c'est que cette mesure a des effets à court et moyen termes, mais elle va obliger certains salariés à travailler et à cotiser pour rien, alors qu'ils auraient pu prendre leur retraite.

Tous ceux qui considèrent que le problème des retraites doit être abordé dans son ensemble préfèrent qu'on ne touche pas à l'âge de départ à la retraite, d'autant que ce que souhaitent la plupart de nos concitoyens, c'est avoir le choix. D'ailleurs quelques pays ont abaissé l'âge de départ à la retraite : en Suède, par exemple, il est passé de 65 à 61 ans.

Votre réforme est parfaitement injuste : les prélèvements sur les profits ne rapporteront que 2 milliards d'euros, tandis que les salariés paieront 25 milliards – essentiellement par le biais de mesures d'âge, Cette réforme répond à la même logique que celle qui prévaut pour notre fiscalité : elle est très défavorable au travail et très favorable au capital. Bref, vous remettez en cause la possibilité d'une vraie réforme à long terme, d'une réforme qui laisse plus de choix aux salariés, y compris celui de cumuler une activité à temps partiel et la retraite.

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