Le général Desportes sera sanctionné pour deux raisons : il a enfreint son devoir de réserve et, jusqu'à nouvel ordre, les militaires obéissent au politique. On ne s'engage pas dans la critique de l'administration Obama lorsque l'on est directeur du collège interarmées de défense (CID). Sans doute la proximité de son départ à la retraite, à l'issue d'une carrière qui ne l'a jamais vu exercer ses fonctions sur un théâtre d'opérations, l'a-t-elle aidé à critiquer une politique qu'il défendait publiquement il y a encore un an.
Nous faisons aussi du renseignement au Tchad. Je me félicite que les troupes françaises aient été présentes à N'Djamena en février 2008 pour assurer l'évacuation et la protection de la totalité des ressortissants européens. Mon homologue américain, à qui je l'avais proposé, m'a même demandé – après réflexion –, d'assurer l'exfiltration du personnel de l'ambassade des États-Unis. Cela n'a été possible que parce que nous tenions l'aéroport. Si Idriss Déby a reçu un soutien indirect – les forces rebelles ne pouvaient se servir de l'aérodrome –, il s'est maintenu seul au pouvoir, sans l'appui des forces françaises. Alors que notre coopérant militaire auprès de l'état-major, certain de la victoire des forces rebelles, demandait sa propre exfiltration dans la matinée du samedi, le Président, avec trois chars seulement placés à des endroits stratégiques, a réussi à renverser le cours des choses.