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Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du 12 juillet 2010 à 21h30
Action extérieure de l'État — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, nous achevons l'examen de la loi sur l'action extérieure de l'État dans un profond malaise. Le drapeau de notre diplomatie est en berne et ce projet décevant dans son ambition ne peut masquer les interrogations qui s'élèvent.

Pas un jour ne passe sans qu'une voix autorisée ne sonne l'alarme : la politique étrangère de la France traverse une crise. La faute à un pilotage déficient, la faute à un manque de moyens criant, la faute à une crise de sens.

Tant vantée en 2007, la rupture en faveur d'une politique étrangère respectueuse des droits de l'homme a été enterrée sous les intérêts économiques et géopolitiques. La coopération et la francophonie, outils indispensables pour redessiner un monde plus juste et équilibré, pour contribuer au dialogue des cultures, ont été mises au service de ce qui « nous rapporte », selon le mot d'Alain Joyandet. L'étape ultime a été franchie : leur secrétariat d'État n'existe même plus.

La Françafrique a reconquis son « pré carré » de manière décomplexée, semble-t-il jusque dans les couloirs de l'Elysée et de l'AFD. La célébration du cinquantenaire des indépendances africaines à l'occasion de la fête nationale française, ce mercredi, est le symbole d'un paternalisme qui ne cesse pas et qui nie le combat des peuples pour disposer de leur souveraineté. La convocation des chefs d'État africains à cette parodie mémorielle illustre les relations troubles qui nous lient à eux, au détriment des espoirs de démocratie et de développement des Africains.

Loin des précautions de la langue diplomatique, le tableau peint par M. Jean-Christophe Rufin ou M. Yves Aubin de la Messuzière est sidérant. Qui pilote notre politique étrangère ? Et dans quel but ? La question mérite d'être posée ! Les affres dans lesquels se trouve notre diplomatie sont en réalité le prix à payer pour un système politique dévoyé où le Président de la République accapare la conduite des affaires étrangères.

Le cri d'alarme de deux anciens ministres diagnostiquant un « instrument sur le point d'être cassé » par des compressions budgétaires à l'aveugle ne peut être balayé d'un revers de manchette. J'ai lu vos explications dans une tribune, monsieur le ministre,…

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