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Intervention de Christian Bataille

Réunion du 12 juillet 2010 à 21h30
Action extérieure de l'État — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Bataille :

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, les députés socialistes, radicaux et citoyens, comme leurs collègues sénateurs, partagent la préoccupation qui est à l'origine de ce texte. La mondialisation met désormais en concurrence les économies des pays et par la même leur influence, qui en découle. La France doit adapter son action politique à l'étranger pour la rendre apte à répondre aux défis du monde actuel et à la concurrence, pacifique mais sans concession, d'autres cultures.

Le projet qui nous est présenté répond-il à ce défi ? Des moyens suffisants ont-ils été mis au service de l'ambition affichée ? On est en droit de s'interroger, ce qu'ont fait les élus socialistes, mars aussi certains élus de la majorité. Il suffit de lire les excellents rapports de nos collègues députés et sénateurs. La période est en effet à la rigueur, une rigueur qui érode plusieurs enveloppes clef, la recherche, l'éducation, la créativité artistique, la langue française. Qui plus est, les effets de cette rigueur conjoncturelle sont plus rudes pour l'ensemble des politiques menées par les affaires étrangères que pour tout autre département ministériel.

Deux anciens ministres des affaires étrangères, MM. Alain Juppé et Hubert Védrine, un ancien ambassadeur, M. Jean-Christophe Rufin, l'ont rappelé il y a quelques jours de façon publique en termes dramatiques et sans équivoque : « le Quai d'Orsay est sinistré ». Réformer dans un tel contexte relève de la gageure.

Il y a plus grave. Le carburant manque, ce qui déjà pose problème. Mais le chauffeur qui est aux commandes de la voiture France dispose-t-il du bon GPS ? Est-il, êtes-vous, monsieur le ministre, en condition de mobiliser efficacement ces moyens-là, qui sont sinistrés ? En d'autres termes l'image de la France que votre politique donne au monde extérieur, est-elle particulièrement attractive, séduisante, mobilisatrice? L'obsession sécuritaire, l'étranger désigné comme bouc émissaire, la fixation identitaire, interpellent les esprits les mieux disposés à l'égard de votre projet d'action extérieure. Je vais donc, avec la complicité de mes collègues socialistes, vous aider à chercher et à trouver l'erreur.

En premier lieu, je veux exprimer un doute et une interrogation sur la philosophie politique du Gouvernement. La France sera offensive et convaincante à l'extérieur pour autant qu'elle ait quelque chose d'original à dire et à proposer. Le constat que l'on peut faire est de ce point de vue sans appel. La France a, depuis 2007, choisi de se replier sur elle-même. La création insolite d'un ministère de l'identité nationale est révélatrice de ce nouvel esprit munichois. Le cinquantième anniversaire des indépendances africaines, est marqué depuis deux ans par un discours et une politique visant les plus faibles des étrangers présents sur notre sol, les ressortissants de l'ancienne Union française, désormais pourchassés et désignés à la vindicte populaire comme les responsables de nos malheurs extérieurs. L'Afrique a manqué le train de l'histoire, est allé dire aux Africains, à Dakar, le chef de l'État. Belle manière de consolider une influence diplomatique et économique sur un continent où nous avons – doit-on dire nous avions ? – pourtant tant d'amis ! Au dernier G20 le chef de l'Etat a été interpellé sur sa politique, jugée égoïste et peu ouverte au monde qu'ils représentent, par deux pays émergents, l'Argentine et la Colombie.

En revanche, à l'égard des puissances mondiales, la soumission à la loi du plus fort a été privilégiée. La France a intégré l'OTAN sans contrepartie réelle. Le Président de la République a pris ses premières vacances estivales près du ranch du président Bush, puis a effectué une escapade culturelle à Eurodisney. Dans le même temps nos concitoyens sont contraints, en France, de travailler en anglais. Il est vrai que vous-même, monsieur le ministre, vous aviez approuvé, en 2003, l'invasion unilatérale de l'Irak par les troupes des Etats-Unis…

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