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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 30 juin 2008 à 22h00
Règlement des comptes et rapport de gestion pour 2007 — Action extérieure de l'État

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

Comment pérenniser ? En étant plus généreux et en offrant au moins autant de perspectives liées à la francophonie que ce que font les autres pays pour le rayonnement de leur propre langue. Cela nécessite le rétablissement de nos finances et une répartition différente de celles-ci. Pour le moment, le moins que l'on puisse dire est que continuer ses études en langue française exige de la part d'un étranger beaucoup de bonne volonté.

Le nombre de bourses distribuées à des étudiants étrangers pour l'enseignement supérieur s'étale entre 1 500 et 2 000. Ce n'est pas beaucoup par rapport aux milliers d'étudiants étrangers qui viennent chez nous – généralement des mêmes pays francophones – et qui n'ont pas forcément suivi la filière des lycées.

J'ai particulièrement apprécié votre référence aux congrès médicaux. De nombreux auditeurs y sont invités et leur participation est un grand atout pour notre pays. De nombreux étrangers viennent suivre des congrès professionnels en France, non pas à cause du pays lui-même mais du fait qu'ils ont appris le français. Les anciens des lycées sont trop peu invités dans les congrès internationaux.

Comment fidéliser ? Il faudrait d'abord nous fidéliser nous-mêmes et être, plus que nous ne le sommes, attentifs à la destinée des étrangers qui ont étudié dans des lycées français, en leur proposant des formations et un suivi.

Le CNAM, le conservatoire national des arts et métiers, a un réseau international qui offre, dans 150 pays, des formations continues dans de nombreuses disciplines. Mme Gendreau-Massaloux, quand elle était rectrice de l'AUF, l'Alliance universitaire de la Francophonie, a eu recours à ce réseau pour organiser des conférences.

CampusFrance est également très important. Une coopération s'est établie entre cette agence et les lycées pour l'orientation, l'envoi de documentation et l'information des enseignants.

D'autres circuits existent en dehors du CNAM : les Alliances françaises, nos centres culturels français. Toutes ces institutions marchent ensemble. L'attachement pour le français se manifeste dans la fréquentation non seulement des lycées, mais également des Alliances et des centres culturels, qui prennent ensuite le relais.

Est-ce suffisant ? Non, d'autant que le sous-financement du système pose des problèmes. Mais la modernisation de nos universités devrait les rendre plus attractives pour les étudiants du monde entier. Nos écoles supérieures et nos écoles de commerce ont une réputation excellente. L'école mathématique française est reconnue dans le monde entier. La France a des pôles d'excellence et, pour visiter les Alliances françaises dans le monde, je puis témoigner que de nombreux étrangers souhaiteraient profiter plus facilement de leurs connaissances en français et venir dans notre pays.

On déplore le manque de publications françaises. Les publications scientifiques se font toutes en Anglais parce que c'est ainsi que les recherches sont « labellisées ». Aucune publication médicale française n'est reconnue internationalement. Il faudrait reprendre toute la chaîne.

L'Agence pour l'enseignement français à l'étranger a recouvré un plafond d'emplois pour les prochains exercices budgétaires à la suite de l'amendement de M. Charasse à la fin de l'année civile dernière. La question actuellement en débat est de savoir comment rendre compte, en la mettant sous plafond, de la partie des emplois de l'Agence financés sur crédits publics tout en laissant se développer, hors plafond, l'autre partie de ses emplois.

La situation de l'Agence est très particulière parmi les établissements publics français, puisque 40 % de la masse salariale représentée par les 5 000 enseignants titulaires qu'elle gère sont remboursés par les établissements. Chaque nouveau poste de titulaire est entièrement remboursé par ces derniers, ce qui signifie que les créations d'emplois sont financées par des fonds privés, en l'occurrence les frais de scolarité payés par les familles. Il est important de pouvoir continuer ainsi, car le réseau s'accroît actuellement de 5 000 élèves par an. Comme nous ne savons pas utiliser autre chose que des enseignants, qui plus est qualifiés, pour s'occuper des enfants supplémentaires – il n'y a pas de robots –, il est nécessaire de créer chaque année de nouveaux postes. S'ils sont créés sur fonds privés, ils ne doivent pas, selon l'Agence, dépendre d'un plafond d'emplois.

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