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Intervention de Xavier Darcos

Réunion du 30 juin 2008 à 22h00
Règlement des comptes et rapport de gestion pour 2007 — Mission enseignement scolaire

Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale :

Je répondrai d'abord à mon collègue Couanau, ancien inspecteur général de l'éducation nationale et ancien directeur des écoles…

Les inspecteurs d'académie reçoivent leur dotation et la gèrent. Ils font leur fameux CDEN, ou conseil de l'éducation nationale, occasion de rencontres particulièrement nerveuses avec les maires et les élus. Dans le département d'Ille-et-Vilaine, je dois reconnaître que nous avons un peu de difficultés cette année. Nous avons même été obligés de mobiliser pendant quelque temps des personnels retraités parce que nous étions à court. Nous avons été obligés d'avoir recours à des personnels, au-delà de nos moyens de remplacement traditionnels. Ce n'est pas choquant, mais cela prouve une situation extrêmement tendue.

Il est exact que notre système de remplacement ne fonctionne pas bien. Nous avons affecté à des remplacements 50 000 professeurs, et nous savons que nous mobilisons à peu près 80 % de nos moyens de remplacement. Voilà pourquoi je veux créer une Agence nationale du remplacement, qui soit plus efficace et plus réactive. On ne peut pas se satisfaire d'une situation où, chaque année, 10 000 équivalents temps plein restent inutilisés.

Si notre service ne fonctionne pas bien, c'est notamment parce qu'il est départemental : un professeur absent à Avignon ne peut pas être remplacé par un professeur de Villeneuve-lès-Avignon. Il convient d'améliorer le dispositif.

S'agissant de la scolarisation à deux ans, il faut que nous nous posions une bonne fois la question de savoir ce que nous voulons faire. Nous observons en effet des disparités considérables. En Bretagne notamment, il y a des départements où 50 % des enfants de deux ans sont scolarisés, et des départements où il n'y en a pas du tout. Cela s'explique par l'histoire : plutôt que de fermer les classes, on avait recruté un peu plus large, et donc des enfants plus petits.

J'avoue que comme père, comme professeur et comme ministre, je ne crois pas beaucoup à l'efficacité de la scolarisation précoce. Mais il y a des avis absolument contraires, et mon propos n'est pas d'ouvrir le débat sur le fond. Il n'empêche que nous recrutons des professeurs à « bac plus 4 » ou « bac plus 5 » pour accueillir des enfants de deux ans, c'est-à-dire, en fait, pour leur faire faire la sieste. Cela appelle réflexion.

Si nous scolarisons si tôt en France, beaucoup plus tôt qu'ailleurs, c'est aussi parce qu'il n'y a jamais eu de véritable politique de l'accueil de la petite enfance. Il est naturel qu'une mère de famille préfère que ses enfants aillent à l'école plutôt qu'à la crèche, qui coûte sept ou huit fois plus. Nous devons nous interroger sur cette situation, à laquelle le secrétariat d'État de Mme Morano s'y intéresse, et une députée, Mme Michèle Tabarot, a reçu mission d'y réfléchir.

S'agissant du soutien, le dispositif que nous mettons en place et aux termes duquel les enseignants doivent consacrer deux heures de leur service aux 15 % d'élèves en difficulté va régler une partie des problèmes liés à la présence ou à l'absence des systèmes d'aide. Ceux-ci sont en effet répartis de façon très disparate sur le territoire et ne sont pas mobilisés de manière égale. Aujourd'hui, on peut dire que, dans toutes les classes, il y a deux heures de soutien pour les élèves en difficulté.

Vous avez posé, Monsieur Couanau, des questions très vastes, qui appellent un débat autre que budgétaire, sur la manière dont nous mobilisons nos emplois, nos services, et dont nous scolarisons les enfants de moins de trois ans. Sur ce dernier point, je rappelle que de nombreux pays partenaires de la France, non seulement ne veulent pas de la scolarisation des enfants de deux ou trois ans, mais l'ont interdite dans la loi parce qu'ils considèrent qu'elle est dangereuse. Cela mérite d'être débattu.

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