Monsieur le ministre, monsieur le président, mes chers collègues et néanmoins amis, effectivement, nous devons saluer ce texte qui met en cohérence divers outils de notre politique extérieure, notamment en matière culturelle et de coopération internationale.
Plusieurs orateurs l'ont souligné, il s'agit pour la France d'accroître et de rendre plus efficace sa politique d'influence, sur le thème bien connu des publics policies – une fois n'est pas coutume, je vais employer l'anglais – des Américains qui, en matière d'efficacité, sont, eux, en cohérence avec leurs objectifs.
Je ne peux que saluer ce texte et je l'approuve. Néanmoins, monsieur le ministre, il faut bien comprendre une chose : nous ne devons nous en prendre qu'à nous-mêmes si notre pays perd de son influence, ce dont nous parlons beaucoup et ce que certains regrettent à juste titre. Pourquoi ? Nous voyons bien que cette influence dépend des outils – que vous allez améliorer – mais surtout de l'esprit et de la politique conduite.
Or, à mes yeux, l'influence de la France tient en un mot : son indépendance totale dans tous les domaines. Quand on est indépendant, on agace, on irrite. Tant mieux ! On n'agace pas, on n'irrite pas quand on rentre dans le rang et qu'on se met à l'aune du consensus mou, surtout de certains pays européens. Il ne faut donc pas hésiter à être indépendant et à en garder les moyens.
On a aussi parlé du déclin du français. C'est très simple : nous n'avons à nous en prendre qu'à nous-mêmes ! Quand, à Paris, des universitaires n'ont de cesse de vouloir ânonner un sabir, un globish international et distillent la culture française dans un idiome barbare qui n'est pas le nôtre, il ne faut pas s'étonner de la perte d'influence du français !
On a parlé depuis longtemps déjà avec Julien Benda de La trahison des clercs. Croyez-moi, nous n'avons qu'un retour bien mérité, alors que certains hauts fonctionnaires et l'ensemble du patronat français, dans les cénacles européens, ânonnent le globish au lieu d'employer la langue de Molière.