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Intervention de Marie-Louise Fort

Réunion du 5 juillet 2010 à 15h00
Action extérieure de l'État — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Louise Fort :

Après des siècles de certitudes, vous avez bien compris, monsieur le ministre, que la France peut et doit à juste titre, en ce début de XXIe siècle, se poser la question qui fâche : Quid du rayonnement culturel et diplomatique de notre pays ?

Certains esprits chagrins n'hésitent pas à écrire la chronique de la mort annoncée de la France, en perte de vitesse dans trop de domaines. Donald Morisson, journaliste et Américain de Paris, censé être corrigé mais en fait plutôt relayé par Antoine Compagnon, universitaire, se demande ce qui reste de la culture française, en exceptant du constat de ce marasme quelques domaines : la mode, la cuisine, la muséographie, l'architecture. Ouf ! Mais la chute est d'autant plus rude, car la conclusion est sans appel ; je cite Antoine Compagnon : « La France est une puissance culturelle moyenne reléguée en deuxième division planétaire. » Voire !

La mondialisation galopante a sans doute précipité la dégradation de ce que, peut-être trop imbus de nous-mêmes, nous pensions être inaltérable : le rayonnement de notre pays. La crise économique, financière et morale mondiale que nous connaissons, les révolutions technologiques et numériques, auxquelles s'ajoutent chez nous les indispensables réformes de fond tous azimuts entreprises par le Président de la République et son gouvernement, dans le cadre drastique de la RGPP, ont appuyé là où ça fait mal. Le texte que nous étudions aujourd'hui est sans conteste non seulement la traduction d'une prise de conscience mais aussi et surtout la mise en place de solutions. L'important, c'est l'action, la réaction, n'en déplaise à certains de ceux qui m'ont précédée ici même.

Notre commission, sous l'impulsion de son président, et bénéficiant du talent de notre rapporteur, a montré toute notre implication dans ce domaine et amélioré le texte initial en soulignant la nécessité de la transversalité des actions de l'État – affaires étrangères, culture, éducation, université et recherche –, la nécessité de faire rimer économie et efficacité.

Permettez-moi d'évoquer la création de Campus France. Soyons attentifs à redonner tout son attrait au cursus universitaire et à la recherche français. Les étudiants étrangers ne sont-ils pas – que le corps diplomatique me pardonne – nos meilleurs ambassadeurs ? Ayons à l'esprit la formule du Conseil économique, social et environnemental relayée par Julia Kristeva : « La culture n'a pas d'autre sens que celui de rendre partageables les incommensurables différences. » C'est tout l'intérêt de la création de l'Institut français, dont les missions vont de l'accompagnement à l'étranger de notre culture à la promotion de la langue française, en passant par la diffusion du patrimoine cinématographique, celle des idées et savoirs de la culture scientifique française, et le soutien des écrits, oeuvres et auteurs, en particulier francophones. La volonté réalisée est là, et c'est tant mieux.

Enfin, un mot des articles 13 et 14, qui nourrissent la polémique – une de plus, oserai-je dire. Ces articles, tels qu'ils nous sont proposés, permettront à l'État de se faire rembourser tout ou partie des frais engagés pour sauver ou libérer un Français en mauvaise posture à l'étranger, à condition que les motifs de cette personne ne soient pas légitimes, les uns et les autres l'ont fort bien rappelé. Il est évident que les journalistes et leurs équipes ne sauraient être concernées, et je salue à cette occasion nos deux compatriotes retenus en Afghanistan. La liberté de la presse est fondamentale et la légitimité du motif – notre collègue Mamère est parti, bien entendu –…

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