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Intervention de Jean-Claude Guibal

Réunion du 5 juillet 2010 à 15h00
Action extérieure de l'État — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Guibal :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, de tous les pays, la France est celui qui dispose du plus grand réseau culturel à l'étranger.

Ce réseau est l'oeuvre d'hommes et de femmes qui, au fil des siècles, n'ont cessé de promouvoir partout dans le monde les valeurs, les connaissances et les créations de notre peuple.

Ce réseau est un héritage d'une prodigieuse richesse, du fait de son histoire, de son ancienneté, de sa diversité. Nous avons le devoir de le préserver, à défaut d'avoir les moyens, dans la conjoncture actuelle, de le développer.

C'est notre devoir, mais c'est aussi notre intérêt. Sans doute la culture française a-t-elle perdu une partie de son influence face au big bang culturel de la mondialisation, et, pour relever ce défi, il fallait un pilotage stratégique cohérent, porté par une vision politique. C'est bien ce que vous nous proposez, monsieur le ministre, et je vous en suis personnellement reconnaissant.

Ce projet, vous l'avez rappelé, est la troisième étape de la réforme destinée à doter notre administration d'opérateurs modernes et efficaces. Il prévoit la création de trois agences, dont l'une, l'Institut français, serait chargée de promouvoir notre culture et nos idées, en s'appuyant sur les 143 centres culturels, qui seront ses relais dans le monde, en liaison, pour l'enseignement de notre langue, avec le réseau des alliances françaises, dont vous préservez l'autonomie. La deuxième agence aurait pour mission de favoriser la mobilité internationale des étudiants et la troisième de gérer l'intervention de nos experts.

Cette réorganisation a aussi pour objet de redéfinir les priorités de l'action extérieure de la France et de répondre aux questions majeures pour l'avenir de notre présence dans le monde : que peut faire notre pays dans la bataille mondialisée de la culture et de l'information, et de quels moyens peut-elle disposer pour y parvenir ?

Pour ma part, je crois préférable, dans le contexte budgétaire d'aujourd'hui, et la RGPP aidant, de renforcer notre présence dans les pays où nous sommes déjà influents, en attendant que des jours meilleurs nous permettent d'investir plus fortement dans les grands pays émergents.

Par ailleurs, je suis convaincu que, si l'influence culturelle d'un pays se mesure le plus souvent à son poids économique, c'est-à-dire aux moyens dont il dispose et au mode de consommation qu'il impose, l'inverse est aussi vrai, car chacun sait aujourd'hui que, contrairement à ce que pensait Marx, les superstructures, c'est-à-dire les cadres culturels, déterminent les infrastructures, c'est-à-dire les modes de production, au moins autant que le contraire.

Je dirai juste quelques mots de l'accueil des étudiants étrangers, en notant qu'avec plus de 260 000 étudiants étrangers dans ses établissements d'enseignement, la France est l'un des premiers pays d'accueil au monde en matière d'enseignement supérieur ; un étudiant sur huit séjournant hors de son pays d'origine poursuit ses études dans notre pays. Ce retour à des niveaux de fréquentation qui étaient ceux des années soixante-dix et quatre-vingt n'est pas le fruit du hasard, mais celui d'une politique volontariste de l'État.

Il faut, me semble-t-il, poursuivre et amplifier cet effort. L'attrait de notre pays pour les étudiants étrangers est un des facteurs principaux du rayonnement de la France dans le monde, c'est bien connu. C'est un facteur majeur de diffusion de la langue de notre pays, de sa culture, de sa place dans les réseaux du savoir, de son influence et de son attractivité pour les chercheurs, les ingénieurs et les cadres de l'économie de la connaissance. C'est aussi l'un des plus forts supports du transfert de savoir-faire vers les pays en développement et, pour notre pays, un investissement à moyen et long termes, par ailleurs extrêmement rentable pour nos entreprises.

Je souhaite enfin aborder, très rapidement, l'expertise technique internationale, qui est une autre donnée essentielle de notre influence à l'échelle mondiale. Sur ce sujet, je me félicite, monsieur le ministre, que vous ayez accepté de disjoindre les dispositions relatives à l'expertise de celles concernant l'enseignement supérieur, et de confier à un seul EPIC, dénommé Campus France, la totalité de la chaîne de la mobilité universitaire. D'une part, en effet, l'unicité de métier eût été difficile à établir entre les étudiants et les experts. D'autre part, l'Agence française pour l'expertise et la mobilité internationales n'aurait pas pu recouvrir la totalité de la mobilité étudiante ni la totalité de la sphère de l'expertise. L'expertise technique internationale requiert en effet une capacité de mobilisation et de disponibilité que la création d'une trop lourde machine administrative aurait contrariée.

En conclusion, permettez-moi de me réjouir de l'importance des mesures contenues dans ce texte pour relever le défi du rayonnement culturel et technique de notre pays. Je voterai ce texte – vous vous en doutez –, en étant convaincu qu'il est à la hauteur de ce que nous avons de plus précieux à apporter au monde, même si cette dernière considération peut paraître à certains de nos collègues caractéristique de l'arrogance dont nous autres Français pouvons nous rendre coupables. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

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