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Intervention de Jean Lassalle

Réunion du 2 juillet 2010 à 9h30
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Article 9

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Nous ne pouvons rester sans rien faire devant les situations de désarroi total que connaissent les agriculteurs, de plus en plus souvent frappés, de manière irréparable, par les éléments ou la nature.

Je ne rappellerai que deux ou trois de mes amendements. Il faut tout d'abord impérativement trouver des solutions à la pénurie sans précédent de travailleurs agricoles. Les exploitations, notamment familiales, ne peuvent plus fonctionner avec un homme seul, qui aligne les journées de travail de dix, dix-huit ou vingt heures sans même gagner le SMIC. C'est le cas de mon frère, qui travaille avec ma mère, âgée de soixante-quinze ans. Ce n'est pas qu'il manque de connaissances ni de compétences – il est président de l'AOC Ossau-Iraty et exerce des responsabilités au niveau national –, mais il ne gagne pas le SMIC. Comment voulez-vous qu'il puisse recruter quelqu'un ? Même s'il trouvait à recruter quelqu'un, son employé n'y connaîtrait rien au métier, et s'il pouvait le former, il serait obligé de s'en séparer au bout de trois mois car il ne pourrait plus la payer.

Un autre de mes amendements concernait le revenu de solidarité active. Je suis très impressionné de voir que 75 000 ressortissants du monde agricole perçoivent actuellement le RSA, et qu'ils seront bientôt 95 000. À côté des salariés, il y a aussi 20 000 exploitants. J'ai demandé à M. le président Ollier, qui m'avait invité à en parler à la commission, s'il n'y avait pas moyen d'adapter le RSA pour que des agriculteurs qui ont perdu l'an dernier 29 %, 37 % – et même 52 %, avez-vous dit, monsieur le ministre – de leurs revenus puissent employer quelqu'un qui devienne un jour leur associé ou leur successeur.

La reprise des exploitations agricoles est pour moi une affaire très importante : il y va de l'avenir même de l'agriculture. Aujourd'hui, quelqu'un qui travaille sur une ferme ne peut plus se rendre aux réunions syndicales, il n'a plus de samedis, plus de dimanches. Comment voulez-vous qu'une compagne ou un compagnon reste toute une vie avec quelqu'un qui se trouve dans une telle situation ?

Un énorme travail est à mener également sur l'installation et la transmission des exploitations agricoles. Ce sera la dernière génération à s'installer normalement. Après, il faudra, comme nous le faisons déjà pour les médecins ou d'autres métiers beaucoup plus cotés dans la société que les professions agricoles, aller chercher des candidats en Roumanie… C'est aujourd'hui la dernière génération qui peut s'installer. Vous imaginez cela, dans un pays comme la France !

Enfin, j'aurais voulu dire, à l'article 13, que j'étais totalement d'accord avec une taxe sur les terrains vendus. C'est un drame de perdre autant de terrain à cause de l'urbanisation. Ce problème dépasse le seul domaine de l'agriculture et par là même vos compétences propres, monsieur le ministre ; c'est un vrai problème de société. Nous vivons trop empilés et nous consommons beaucoup trop de terres agricoles.

Une étude montre que si nous allons perdre 30 % de ces terres, nous sommes d'un autre côté en train d'en classer 30 % en parcs nationaux et réserves naturelles. Sur ces terres, il y a des paysans, qui doivent produire. Les règles qu'on leur impose désormais auront ce résultat qu'ils ne produiront plus et n'entretiendront plus les territoires, comme ils le faisaient autrefois, en biens communs, cette notion qui a fondé notre État, notre République. C'est pourquoi il faut imaginer aussi une taxe à la charge de l'État chaque fois qu'il prendra des terrains aux fins de les classer de manière totalement surréaliste.

Voilà ce que j'avais à dire. Je ne tiens pas à me retrouver – ni à vous mettre – dans la même position que l'autre jour. Je n'ai plus de temps de parole, Daniel Garrigue doit également s'exprimer. Je ne veux pas que soient humiliés, à travers moi, mes électeurs qui croient avoir un député capable s'exprimer comme les autres.

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