Sur l'une comme sur l'autre de ces deux formes d'organisation de producteurs, nous ne ferons pas une analyse à la serpe, mais une analyse très précise. C'est essentiel.
Oui, monsieur Chassaigne, un rééquilibrage est nécessaire. Je n'anticiperai pas la discussion que nous aurons tout à l'heure sur la filière porcine, mais il est essentiel que nous comprenions très vite les raisons pour lesquelles les agriculteurs français rencontrent des difficultés. Nous avons, à leur égard, un devoir de vérité et de lucidité. Il ne faut pas se payer de mots, mais connaître le mieux possible la réalité économique et ce que vivent les producteurs ou les éleveurs de porcs. Il existe effectivement cinq centrales d'achats face auxquelles des producteurs ne sont pas suffisamment organisés – et cela vaut pour toutes les filières.
Je vous recommande la lecture d'une étude remarquable faite par Agreste Conjoncture. Cet organisme, indépendant dans ses analyses, essaie de comprendre pourquoi la production de porcs a baissé en France depuis 2001 alors qu'elle a explosé en Allemagne, et de mesurer les écarts de compétitivité entre les deux pays. Dans les explications figurent évidemment le coût des intrants de l'alimentation et l'abattage, dont j'ai suffisamment parlé hier. Mais je ne résiste pas à la tentation de reprendre la dernière phrase du dernier paragraphe de cette analyse : la concentration des groupements d'éleveurs et de producteurs n'a pas encore abouti, malgré la diminution de moitié du nombre de groupements, et interdit aux éleveurs de peser suffisamment sur les prix à la hausse. C'est une réalité à laquelle nous voulons remédier. Nous pouvons le faire de deux façons : la première, quelque peu technocratique, consisterait à tout concentrer et à décider, par la loi, de ne reconnaître que les organisations de producteurs commerciales et, donc, à contraindre tout le monde à se regrouper. Ce n'est pas la voie que nous avons suivie, même si nous avons envisagé cette hypothèse, je le reconnais. La seconde solution, plus pragmatique, serait d'aller au plus près du terrain pour savoir ce qui marche et ce qui ne marche pas et d'en tirer les conséquences, donc d'inciter au regroupement, là où c'est possible, car ce n'est pas forcément pertinent partout. Nous tirerons, une fois encore, un bilan très précis des analyses auxquelles nous procéderons. Nous avons retenu une approche pragmatique, mais on ne peut pas, sous prétexte de ne pas accepter telle ou telle solution, refuser toute évolution.
Je demande donc que cet article soit maintenu.
(Les amendements identiques nos 3 et 577 ne sont pas adoptés.)