Je tiens, messieurs, à vous féliciter car l'exercice auquel vous devez vous livrer aujourd'hui est particulièrement délicat. Votre situation était déjà difficile avant la Coupe du monde, vu les commentaires dont vous pouviez faire l'objet ça et là ; elle l'a été pendant, puisque vous avez dû faire face à une crise grave exigeant beaucoup de sang-froid dans un climat d'extrême tension ; et elle l'est encore aujourd'hui, devant nous ici, devant les journalistes à l'extérieur, sans compter que l'opinion française ne vous est pas favorable. Je vous remercie donc d'assumer tout cela avec courage, même si cela fait partie de votre travail, bénévole ou professionnel.
Chacun le sait, en sport, on perd souvent, on gagne parfois. Ce n'est donc pas de résultats sportifs que je parlerai ici mais de l'image ternie de la France. C'est d'ailleurs pourquoi il est bien de notre rôle de traiter du sujet.
Monsieur Domenech, que s'est-il passé exactement dans le vestiaire à la mi-temps du match contre le Mexique ? On se moque de savoir si l'équipe compte ou non un traître ou si elle a subi une pression extérieure. Le problème n'est pas de savoir si le Président de la République intervient et où car, quel que soit le gouvernement en place, il est normal que les politiques aillent soutenir leur équipe, au niveau national comme au niveau local, et la soutiennent quoi qu'il arrive. Mais y avait-il des meneurs ? Quel était l'état d'esprit ? Existait-il dans cette équipe des problèmes de religion ou de race ? Le mix « black-blanc-beur », qui nous a fait réussir en 1998, est-il mort ?
Oui, monsieur Escalettes, la France a remporté l'organisation de l'Euro 2016, mais heureusement que le choix est intervenu avant la Coupe du monde car je ne suis pas certain qu'il aurait été le même après ! Oui, les comptes de la Fédération ont été assainis, mais l'équipe nationale a connu la débâcle. Vous avez eu le courage de démissionner, assumant votre part de responsabilité, ce qui n'est finalement pas si courant dans ce pays. Vous n'étiez pas obligé de le faire, et je vous dis donc tout mon respect.
Maintenant que vous avez retrouvé votre liberté de parole, pouvez-vous nous dire quel avenir vous voyez pour la FFF, de loin l'une de celles les plus confrontées aux questions d'argent ? Et comment faire pour que le maillot bleu, emblème de la France dont nous sommes si fiers, soit de nouveau porté avec honneur ?