Ceux qui me connaissent savent que j'ai vécu en Afrique du Sud les plus mauvais moments de mon parcours de président de la FFF. Je vais ici tenter d'expliquer l'inexplicable et pourquoi ont été bafouées certaines des valeurs que je me suis attaché à défendre pendant cinquante années de bénévolat militant au service de football – bénévolat que je revendique, même si le terme a aujourd'hui une connotation péjorative. Je ne renie rien de cette vie, pas plus que de mon passé d'enseignant. Mais j'ai eu honte de certains comportements dans ce qu'il faut bien appeler le bus de la honte et je me suis immédiatement rendu compte du mal fait au pays tout entier, et pas seulement au football. Notre magnifique pays a pris ce jour-là une gifle qu'il ne méritait pas. Il n'est pas facile, à 75 ans, de voir s'écrouler en un après-midi, par le comportement irresponsable d'enfants gâtés, pourris, tout ce en quoi vous avez cru et croyez encore.
Pour ce qui est des structures du football français, il faut faire preuve d'objectivité. C'est avec la même gouvernance que nous avons gagné la Coupe du monde 1998, l'Euro 2000 et participé à la finale de la Coupe du monde 2006. Comme en attestent tous mes discours devant le Conseil fédéral depuis 2005, je n'ai cessé néanmoins de répéter que des évolutions étaient nécessaires. Nous sommes contraints de toujours réagir face aux événements, du fait de la médiatisation du football, et dans ce contexte, le cadre associatif est aujourd'hui quelque peu dépassé. Je ferai mon possible pour que cette gouvernance soit modifiée car il y va de l'avenir du football, peut-être aussi d'autres sports. Mais ce n'est pas là tâche aisée. La représentation nationale sait bien la difficulté de faire changer la loi par les personnes que celle-ci a mises en place. Dans notre État de droit, nous ne pouvons faire fi des règles ni des statuts. Voilà la quadrature du cercle qu'il nous faut résoudre car c'est l'avenir du football qui est en jeu.
Je répondrai avec franchise à toutes vos questions. Je ne peux prédire comment se passera le Conseil fédéral de vendredi prochain, mais j'esquisserai des pistes, dans le droit fil de ce qui m'a guidé dans mes fonctions de premier responsable. La responsabilité est certes collégiale, chacun porte sa part. Celle du président est en tout cas pleine et entière, et il est normal qu'il cède la place, pour qu'une page puisse être tournée, en veillant à tirer les leçons du passé. Voilà ce que je souhaitais vous dire en toute amitié à cet instant.