Je vous remercie, messieurs, d'avoir accepté notre invitation dans une période que j'imagine délicate pour l'un comme pour l'autre. Cette audition aura lieu à huis clos comme vous l'avez demandé.
Comme je l'ai précisé hier, lors de l'audition de la ministre de la santé et des sports, notre Commission qui a déjà souvent traité du sport, notamment du football, a jugé utile, face au débat ouvert dans le pays, de vous rencontrer pour comprendre les causes de la déroute de l'équipe de France. Et nous continuerons ces auditions.
Ce ne sont pas les résultats qui nous inquiètent. Nous savons tous que la défaite fait partie intégrante du sport. Il est des défaites honorables, voire glorieuses. Mais l'échec de l'équipe de France dans cette Coupe du monde laisse un goût amer.
Nous ne reviendrons pas sur l'histoire de cette Coupe du monde. Il ne nous appartient pas d'apprécier la pertinence des décisions prises ni des choix tactiques, non plus que de chercher un bouc émissaire. Il serait d'ailleurs bien réducteur de croire qu'un seul homme puisse être responsable de cet échec. Ce dont nous voulons parler, c'est de l'avenir du sport numéro un – qui compte plus de deux millions de licenciés dans notre pays –, avec les implications que l'on sait pour notre jeunesse.
L'image de la France a été ternie par le comportement, parfois indigne, de certains joueurs et de certains membres de l'encadrement. Nous sommes passés d'un formidable espoir avec l'annonce de l'Euro 2016 en France, dont la Fédération peut être fière, à la plus vive inquiétude sur l'avenir de l'équipe de France. J'espère que la France se qualifiera pour l'Euro 2012 et pour la Coupe du monde 2014. Mais le seul rendez-vous dont nous sommes aujourd'hui certains est celui de l'Euro 2016. Avec les investissements importants qui vont être réalisés, la France du football ne peut pas le manquer.
Mes premières questions s'adressent à vous, monsieur Escalettes. Vous avez assumé vos responsabilités en annonçant votre démission « pour faciliter l'évolution » de la Fédération française de football (FFF). C'est un choix digne, dont j'espère qu'il vous permettra de recouvrer une certaine liberté de parole sur les changements nécessaires dans la gouvernance du football aujourd'hui. Quelle part de responsabilité endossez-vous dans les résultats de l'équipe de France ces dernières années ? Nous n'ignorons pas que les décisions de la Fédération sont collégiales. Mais quelle doit être, selon vous, l'attitude du Conseil fédéral lors de sa prochaine réunion ? Comment doit, selon vous, évoluer la FFF pour redonner au football français de nouvelles perspectives ?
Je souhaite également poser quelques questions à M. Domenech, en répétant que nous ne cherchons pas à percer l'intimité de l'équipe de France mais à comprendre les raisons pour lesquelles elle s'est montrée sous un jour aussi négatif en Afrique du Sud. Votre décision, monsieur, de lire le communiqué des joueurs suite à leur grève a été très commentée et beaucoup y ont vu le signe que la fonction de sélectionneur avait perdu de son aura auprès des joueurs. Quelle est votre analyse de la situation ? Comment un sélectionneur peut-il affirmer son autorité face à ses joueurs ? Certaines décisions vous ont-elles été imposées avant ou pendant cette Coupe du monde ? Quels changements vous paraissent-ils nécessaires pour retrouver une équipe de France performante ?