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Intervention de Thierry Duclaux

Réunion du 30 juin 2010 à 9h30
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Thierry Duclaux, directeur général de Voies navigables de France :

Le contrat d'objectifs et de performance vise essentiellement à remettre le client et l'usager au centre de la gestion et de la modernisation du réseau fluvial. La croissance continue du trafic, une bonne résistance à la crise et la diversification des marchandises transportées reflètent le dynamisme du secteur. Ce contrat invite également à se mettre en ordre de bataille pour atteindre les objectifs du Grenelle, soit relever la part modale des transports non routiers de 14 à 25 %, multiplier par deux le tonnage de marchandises transportées par voie fluviale à la sortie des grands ports maritimes, rénover le réseau magistral et réviser les grands projets.

Ces objectifs nous ont amenés à étudier les services à rendre sur chacune de nos voies navigables : horaires d'ouverture, services à proposer aux transporteurs, traitement des marchandises. La moitié du trafic provenant des ports maritimes, l'interface constitue un élément clé pour le développement du mode fluvial.

Au cours des dix dernières années, le transport fluvial a enregistré des gains de productivité considérables. Pour poursuivre dans cette voie, il faut moderniser les interfaces, car le prix de l'acheminement d'un container des quais du Havre à Gennevilliers se divise pour moitié entre le transport fluvial, et les prestations annexes – trajets terminaux, manutention des marchandises –. C'est la raison pour laquelle la stratégie de l'établissement intègre les aménagements portuaires, en particulier dans le projet Seine-Nord Europe.

Pour surmonter les handicaps et délivrer un bon niveau de service, il faut investir sur le réseau. Les investissements rendus possibles par le plan de relance, de l'ordre de 180 millions, permettront d'améliorer valablement la qualité du réseau et les professionnels se s'en sont d'ores et déjà déclarés satisfaits.

Nous avons concentré nos efforts sur les 2 000 km de voies à grand gabarit, essentielles pour le fret, ainsi que sur les 1000 kilomètres de voies à gabarit moindre qui leur sont associés. Pour le reste du réseau, dont la vocation est plus saisonnière, nous adapterons l'exploitation et la maintenance.

En vue d'optimiser l'utilisation des voies d'eau, il faut tout à la fois dynamiser la politique portuaire et permettre aux ports intérieurs de se regrouper et de se restructurer pour être plus dynamiques. Il faut également offrir aux transporteurs des aides à la création et à la modernisation des entreprises. S'il ne se crée pas des centaines d'entreprises chaque année, nous ne serons pas au rendez-vous de la croissance et il ne sera pas envisageable d'ouvrir le canal Seine-Nord Europe.

La batellerie artisanale n'était pas habituée à un tel rythme de régénération. Le tiers des bateliers partira en retraite dans les cinq ans. Cela constitue un handicap car le mode de transmission était jusqu'à présent traditionnel et familial, mais aussi une chance car cela pousse à imaginer de nouveaux modes de création et de transmission d'entreprise, comme le propose le contrat d'objectifs.

Le contrat d'objectifs vise à optimiser l'utilisation du domaine fluvial. Cela passe par la création d'installations portuaires, le développement d'animations en bord de voie d'eau sur les canaux touristiques et la valorisation de l'interface entre le fleuve – ou les canaux – et la ville. En Europe comme en France, force est de constater que les villes reviennent vers le fleuve, lequel, il y a seulement un siècle, représentait le coeur du commerce et des activités artisanales. À l'évidence, nous sommes en mesure de participer à cette dynamique.

L'exploitation du domaine rapporte à VNF une vingtaine de millions d'euros par an, et nous espérons aller plus loin. Si l'ensemble du domaine lui est transmis, et non plus seulement confié, l'établissement pourra adopter des modes de gestion plus performants et plus réactifs.

Enfin, nous proposons d'exploiter le potentiel hydroélectrique du réseau fluvial, y compris les chutes de faible hauteur – 1,50 mètre – comme le permettent les nouvelles technologies. Leur exploitation systématique permettrait d'augmenter les revenus de VNF et de lui procurer une source novatrice d'énergies renouvelables.

Ce que nous proposons représente un effort financier, dans le prolongement du plan de relance, en vue de la modernisation de l'ensemble des services de maintenance et d'exploitation. C'est une petite révolution dans un monde où les métiers n'avaient pas évolué depuis plusieurs décennies !

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