Je vous remercie de nous permettre de faire savoir qui nous sommes et ce que nous faisons.
Bien que nous soyons séparés par des milliers de kilomètres, nos pays entretiennent de bonnes relations commerciales, politiques et diplomatiques.
Je représente deux organisations de petits producteurs bios de mangues et de bananes du nord du Pérou. Depuis là, nos produits mettent 23 jours pour atteindre les ports de Rotterdam ou d'Anvers avant de se retrouver, quinze jours plus tard, sur les étals des supermarchés français, anglais, hollandais ou allemands.
C'est en 2003 que nous sommes entrés dans le commerce équitable pour les mangues et en 2008 pour les bananes, car nous y avons vu une alternative au commerce traditionnel.
Cela nous a tout d'abord permis d'élever notre standard de qualité, les petits producteurs étant amenés de la sorte à garantir la satisfaction des consommateurs.
Parce que le commerce équitable traduit la volonté de répondre à un besoin commun, nous avons également pu obtenir des prix justes, ce qui nous a permis d'accroître le niveau de vie de nos familles et de toute la communauté.
Plus largement, il a permis le progrès social pour les petits producteurs et pour leur entourage. Avant mon départ pour cette réunion, l'un d'entre eux me disait qu'il avait pu ainsi faire construire un toit pour sa maison et inscrire son enfant à l'université, et il m'incitait à rechercher de nouveaux marchés…
Au-delà de la construction de routes, de dispensaires, d'écoles, c'est de reconnaissance qu'il s'agit : désormais les producteurs se sentent écoutés, compris, entendus. En outre, des initiatives comme celle de Max Havelaar nous ont permis d'entrer aux relations avec d'autres cultures et ont convaincu les petits producteurs de la nécessité de s'inscrire dans une dynamique et dans une démarche de qualité, en respectant les règles du marché et les critères des labels du commerce équitable, qui posent des exigences aux petits producteurs du monde entier.
Le fait d'appartenir au système du commerce équitable nous a également permis d'affronter sans courber la tête la crise alimentaire et financière, qui affecte particulièrement les petits producteurs. Bien sûr, nous ne pouvons pas contrôler la crise, mais nous pouvons lui faire face. Ainsi, lorsque des distributeurs ont annoncé, notamment après ce lundi noir qu'a été le 6 octobre, qu'ils n'étaient plus capables d'absorber nos productions et que les prix risquaient de chuter, les petits producteurs ont pu élaborer une réponse collective qui s'est traduite par la diversification de leurs activités. On voit, là aussi, que le commerce équitable offre une alternative et je me réjouis que vous lui apportiez votre appui politique. (Applaudissements).