Voilà des questions plus simples les unes que les autres… (Sourires) S'agissant du prix minimum garanti, les derniers événements ont conduit à un changement de philosophie. Parce qu'il a fallu tenir compte de la réalité, c'est précisément dans les pays où l'on considérait que le marché suffirait à établir une autorégulation générale - la fameuse « main invisible », depuis lors devenue extrêmement visible - que l'on consacre désormais des milliards d'argent public à soutenir des banques et des entreprises. Il n'est donc plus sacrilège de dire qu'il faut utiliser les deniers publics pour parvenir à plus d'équité et de justice. Cela étant, les pays développés soutenaient déjà, de manière indirecte, leurs agriculteurs, à hauteur de 365 milliards de dollars chaque année… Pour notre part, nous étions passés outre ce tabou lors de la crise de 2007. Le prix des engrais ayant augmenté de 172 % en deux ans, celui des semences de 75 % et de 45 % celui des aliments pour le bétail, nous avons souligné que si rien n'était fait pour aider les agriculteurs des pays en développement, la situation n'allait cesser de s'aggraver et, dans le cadre de l'Initiative contre la flambée des prix des denrées alimentaires, nous avons mobilisé 150 millions de dollars en faveur des producteurs de 76 pays en développement en leur fournissant des intrants. Après quoi l'Union européenne nous a suivis, en définissant un programme d'appui à la production agricole d'un milliard. A présent, la Banque mondiale indique que chaque investissement dans l'agriculture à un impact triple à celui d'un investissement dans tout autre secteur… Une révolution culturelle a donc eu lieu, et il est désormais admis que l'on ne peut laisser les agriculteurs des pays pauvres seuls face aux oligopoles. Il faut dire qu'un milliard d'affamés dans le monde est un nombre assez éloquent.
Quant à la certification avec les parties prenantes, elle ne doit pas être considérée comme un système alternatif mais complémentaire à celui qui est en vigueur. Les parties doivent se mettre d'accord sur un mécanisme fondé sur des échanges commerciaux classiques – mais le soutien de l'État faciliterait la conclusion de tels accords.
Pour ce qui est du rôle des multinationales, les études conduites par la FAO et par d'autres organisations pointent la concentration croissante des activités dans plusieurs secteurs : achats, distribution, facteurs de production… C'est ce qui explique que, malgré la baisse du prix du pétrole, les engrais aient augmenté de 172 % par rapport à leurs prix de 2005-2006. Telle est la réalité objective de l'impact de cette organisation économique sur les conditions des échanges et des prix.