Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Chantal Jouanno

Réunion du 6 mai 2009 à 14h00
Délégation à l’aménagement et au développement durable du territoire

Chantal Jouanno, secrétaire d'état chargée de l'écologie auprès du ministre d'état, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire :

Je remercie Christian Jacob, Hervé Novelli et Antoine Herth pour leur action déterminée et constante dans un domaine où je me sens quant à moi tout aussi ministre que militante, puisque c'est d'abord en tant que mère de famille que je me suis tournée vers le commerce équitable.

Notre civilisation est à un tournant, la crise que nous traversons résultant grandement de nos excès sur les plans économique – exploitation irraisonnée des ressources naturelles – et social – inégalités. Force est de le constater : le progrès moral n'est pas proportionnel au progrès technique. Ce serait en outre une erreur de penser que la technologie pourrait toujours suppléer la nature ; Jared Diamond l'a montré : des civilisations ont disparu faute d'avoir pris acte des limitations naturelles. Nous devons donc promouvoir une société de la mesure et de la modération qui, de goulus que nous étions, nous transformera en gourmets tout comme elle nous fera passer du culte de l'avoir à l'accueil de l'être. Les valeurs du commerce équitable – partage, soutenabilité écologique, développement économique –, ont de ce point de vue un rôle majeur à jouer.

Je remercie également Jacques Diouf, directeur général de la FAO, pour son rôle d'éclaireur des consciences : c'est vous qui, souvent, tirez la sonnette d'alarme, vous qui nous ouvrez les yeux sur les impasses vers lesquels nous nous dirigeons, notamment dans les domaines alimentaire ou halieutique.

Étymologiquement, l'écologie, c'est la « maison » et la « connaissance » : si nous voulons dignement habiter la terre, nous devons donc la connaître et nous verrons alors que les inégalités environnementales sont souvent plus fortes que les autres : un enfant meurt toutes les dix-sept secondes faute de pouvoir disposer d'une eau propre ; dans notre pays, les plus démunis connaissent des problèmes de saturnisme. La politique écologique ne doit pas accentuer ces inégalités ! Mais veillons aussi à ce qu'elle ne soit pas que le dada des bobos ! Pour notre part, nous avons inauguré notre politique du logement par la rénovation des logements sociaux ; le système de bonus-malus sur les automobiles bénéficie d'abord aux ménages les plus modestes et il doit en être de même de la consommation durable, saine et de qualité.

Il est faux de prétendre que les produits du commerce équitable sont systématiquement plus chers que les autres. Qui plus est, ce serait faire affront aux plus modestes que de croire leur coeur moins grand que celui des plus fortunés. Faire marcher l'amble l'écologie et l'équité, c'est un beau projet politique qui suffirait à m'occuper jusqu'à la fin de ma mission au sein du Gouvernement !

Si, avec un peu plus de 250 millions de chiffres d'affaires pour le commerce équitable, un peu plus de 5 % du marché pour l'alimentation biologique et 1 % à 2 % du marché pour les écolabels, la consommation durable demeure marginale dans notre pays, elle ne doit pas pour autant être tenue pour quantité négligeable : les petits ruisseaux font les grandes rivières !

Le commerce équitable est par ailleurs inséparable de l'écologie, les critères de l'accord Afnor en témoignent : promotion de cultures anti-érosive, limitation des produits phytosanitaires, maintien de la biodiversité.

En 2005, la France a été pionnière dans la reconnaissance du commerce équitable et, vingt ans après la création du label Max Havelaar, elle le sera à nouveau avant la fin de l'année avec l'installation de la CNCE. Nul ne s'étonnera qu'il en soit ainsi avec ce grand idéal humaniste et fraternel du XXI° siècle.

Enfin, comme le Grenelle de l'environnement a promu un nouveau modèle de développement, la commission d'Armatya Sen et Joseph Stiglitz tend à élaborer de nouveaux indicateurs de richesses et à formuler ainsi de nouveaux critères de civilisation – n'oublions pas qu'en tant qu'indicateur le PIB a été créé pour valoriser la société industrielle au sein d'un monde encore marqué par la ruralité. En essayant de donner toute la valeur qu'elle mérite à la nouvelle société écologique, nous sommes à l'aube d'une ère nouvelle dans laquelle il est formidable d'entrer tous ensemble ! (Applaudissements)

Les enjeux internationaux du commerce équitable

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion