Merci, monsieur le député, pour vos propos sur le CNED.
L'un des handicaps de cet excellent outil est sans doute qu'il n'est pas toujours facilement utilisable par tous.
Les raisons en sont d'abord techniques. Le CNED continue à utiliser beaucoup le papier. Certes, la part de la diffusion en ligne de ses outils, de ses cours, s'accroît. Le taux de copies transmises et corrigées en ligne augmente également : nous en sommes à plus de 100 000 par an. Cependant, que l'Internet et le haut débit ne soient pas accessibles partout constitue une limite au développement des usages numériques. Or l'utilisation du support papier rencontre elle aussi des obstacles : manque de fiabilité des services de distribution postale dans certains pays étrangers, contraintes liées à l'envoi de cours en masse…
Aux obstacles techniques s'ajoutent des obstacles plus pédagogiques. À partir de la fin du collège, l'enseignement à distance réclame d'assez fortes capacités d'autonomie et de motivation de l'élève. Certes, celui-ci n'est pas abandonné seul face au monceau de cours et aux devoirs qu'il reçoit ; la correction des copies est aussi une forme de suivi pédagogique, qui s'exprime par les précisions et les conseils donnés ; nous mettons en place une forme de tutorat, en particulier de tutorat électronique, et même, lorsque les contraintes techniques ne s'y opposent pas, des classes virtuelles – mais cette action est plus difficile à organiser à l'étranger qu'en France. Il reste que tous les élèves n'ont pas la capacité d'autonomie requise, et que tous les parents ne disposent pas non plus du temps, de la disponibilité ou des compétences nécessaires à l'exercice du suivi de proximité dont dépend pour beaucoup le bénéfice retiré par l'élève.
Autrement dit, si la qualité des contenus n'est pas discutée, se pose la question de l'adaptation de l'outil à la diversité des publics.
Par ailleurs, si le CNED est bien connu des expatriés français et des élites francophones, et si les postes diplomatiques font, à mon sens, le nécessaire pour qu'il soit identifié comme opérateur – il suffit de consulter les sites Internet des consulats français –, sa réputation ne s'étend pas, pour le reste, au-delà du petit cercle des spécialistes de l'enseignement à distance.
Or, – du moins à ma connaissance – il présente une particularité unique au monde : si, à l'étranger, il existe des universités ouvertes, si des spécialistes sont installés sur des niches d'enseignement à distance dans tel ou tel segment de l'enseignement scolaire, aucun organisme n'offre une gamme de formations aussi complète que le CNED.
Avec les autres opérateurs, nous n'avons peut-être pas encore suffisamment réuni nos énergies pour diffuser une information suffisante à l'attention du public potentiel de l'enseignement à l'étranger – enseignement « présentiel » ou, pour ce qui nous concerne, à distance. Trop parcellaire, l'information mériterait sans doute d'être davantage systématisée et organisée.
Mon appréciation sur l'évaluation des enseignants à l'étranger, sur leur contrôle et sur leurs conditions de nomination ne peut être que personnelle : en ma qualité de directeur général du CNED, je ne suis pas en contact avec eux. J'ai cependant eu l'occasion – notamment lorsque j'étais membre de l'Inspection générale de l'Éducation nationale – d'accomplir des missions d'évaluation de la coopération, notamment en matière de formations bilingues, et d'inspecter des professeurs à l'étranger. À cette époque – peut-être déjà un peu ancienne aujourd'hui –, j'ai perçu de leur part une forte demande de rompre une forme d'isolement : ces enseignants ont besoin de se ressourcer dans leurs disciplines, de travailler avec leurs pairs, à l'étranger ou en France, et de bénéficier d'une information permanente sur les dispositions réglementaires relatives aux examens et aux programmes. Cette demande est sans doute insuffisamment satisfaite à leurs yeux. Mais là se borne ce que je puis dire à ce sujet.
La demande de formations professionnelles est un fait, notamment venant d'Afrique. Comment y répondre, sachant que cela suppose l'organisation de stages ? Si, dans le domaine industriel, la mécanique par exemple, la chose paraît difficile, des outils de formation à distance efficaces ont été développés pour le secteur tertiaire. Ils sont sans doute trop rarement utilisés en France même.
Le CNED est également associé aux réflexions aujourd'hui conduites par le délégué interministériel pour l'éducation numérique en Afrique, sur un projet d'une autre nature : le projet Sankoré de formation des enseignants pour le primaire ; cependant, ce projet ne relève pas vraiment du champ de la formation professionnelle et, d'autre part, le domaine privilégié du CNED reste la formation générale.