À la tête du CNED depuis un an, j'ai été très rapidement sensibilisé à son action à l'étranger. Les contacts que j'ai établis dès mon arrivée – et que j'ai maintenus depuis – avec le ministère des Affaires étrangères et européennes, avec l'AEFE et avec la direction des Relations européennes, internationales et de coopération du ministère de l'Éducation nationale, m'ont permis de prendre conscience de ce qui se faisait dans ce domaine et de constater que certains de nos partenaires – le ministère des Affaires étrangères, mais aussi l'AEFE, sous l'impulsion de sa nouvelle directrice, ainsi que la Mission laïque française – avaient la volonté de mieux travailler en complémentarité et en partenariat. Cette volonté s'est manifestée très concrètement par la conclusion ou le renouvellement de conventions. Grâce à la convention cadre signée ce mois-ci avec l'AEFE, des conventions particulières vont pouvoir être mises en place – il en avait déjà été conclu avec certains établissements du réseau de l'AEFE. Il s'agit de bien définir les responsabilités de chacun des partenaires, qu'il s'agisse d'actions ou de financement.
Nous allons également signer le 19 mai prochain une convention avec la Mission laïque française (MLF). À la différence de l'AEFE, avec laquelle une convention, aujourd'hui un peu oubliée, avait été déjà été signée en 1995, ce sera une première. Afin de prévenir toute difficulté dans l'action, cette convention permettra de bien préciser les missions et responsabilités de chacun des acteurs, au plus près des classes : l'action du CNED, celle de ses professeurs référents, celle des assistants pédagogiques au sein des établissements de la MLF.
J'ai aussi rencontré à deux reprises le directeur général de la Mondialisation du ministère des Affaires étrangères et européennes.
Le CNED est très souvent présent, à titre d'acteur reconnu, lors des événements importants concernant l'enseignement français à l'étranger : journées du réseau ou encore vingtième anniversaire de l'AEFE – la convention cadre a été signée à cette occasion. On attend visiblement beaucoup de lui et il est reconnu comme un troisième opérateur, complémentaire – et non pas concurrent – des deux opérateurs principaux que sont l'AEFE et la MLF. La demande porte sur la définition d'une politique commune, dans un environnement aujourd'hui très évolutif qui va sans doute amener le réseau à recentrer ses missions. Nombre de contraintes pèsent en effet sur l'enseignement français à l'étranger : contraintes financières, demandes fluctuantes des familles, difficulté pour le réseau dans son ensemble à mener des missions parfois difficilement conciliables. Le CNED est prêt à jouer ce rôle d'acteur complémentaire qu'on attend de lui, au service de l'enseignement français à l'étranger.
La demande, assez fluctuante comme je l'ai dit, est plutôt en diminution. Cette diminution est très forte dans le premier degré, au niveau de l'école élémentaire. Nous y intervenons aussi bien pour des formations complètes – dites réglementées –, que nous dispensons après avis favorable du conseiller culturel, que pour des formations dites « libres » : les parents choisissent d'inscrire leurs enfants à des formations soit complètes, soit partielles.
Alors qu'en 2007 nous recensions 3 693 inscriptions pour des formations complètes – réglementées ou libres –, dans le premier degré elles n'étaient plus que 1 894 en 2009. Les raisons de cette évolution – qui constitue une difficulté non seulement pour nous, mais aussi pour d'autres opérateurs – sont les fluctuations géopolitiques, les choix politiques de certains pays, et les événements qui peuvent survenir à l'étranger. Ainsi, en Algérie, nous constatons un fort reflux des inscriptions dans les écoles avec lesquelles nous avions conclu un partenariat. En Côte d'Ivoire, où le Centre s'était partiellement substitué au lycée français après sa fermeture, la réouverture de cet établissement a fait chuter les inscriptions.
Un temps, l'institut de Toulouse – le CNED fonctionne encore pour quelque temps par instituts –, qui a pour mission principale la scolarisation des élèves du premier degré, scolarisait plus d'élèves résidant à l'étranger que d'élèves résidant en France. La scolarisation des élèves de niveau élémentaire à l'étranger – et les fluctuations de leurs effectifs – constitue donc pour nous une charge lourde.
Les effectifs des autres niveaux sont également en baisse, mais assez faible. Le nombre de formations du niveau lycée est ainsi quasiment stable.
Structurellement – et il n'y a là rien d'atypique par rapport aux établissements de la MLF ou de l'AEFE –, la demande est forte pour les formations du premier degré – malgré la baisse –, encore assez forte pour le collège, et relativement faible pour les lycées – en tout cas pour les élèves français car il faudrait nuancer l'appréciation s'agissant des élèves étrangers. Enfin, la demande de formations technologiques et professionnelles est extrêmement faible ; il faudrait sans doute s'interroger sur ce point.
Comment expliquer les caractéristiques de cette demande ? Dans le premier degré, lorsque le pays d'accueil propose un enseignement de niveau et de standard comparables à ce qui est offert en France, les expatriés y recourent assez spontanément. En revanche, tel n'est pas le cas lorsque les standards de formation ne sont pas les mêmes. C'est pour cette raison que le nombre d'inscriptions au CNED est extrêmement divers selon les pays. Nous trouvons nos inscrits plutôt en Afrique francophone. L'Amérique du Nord – en particulier les États-Unis – en fournit aussi beaucoup, pour des raisons qui relèvent plutôt de l'éloignement géographique des inscrits par rapport aux établissements qu'ils pourraient fréquenter. La demande est également très forte au Royaume-Uni. Cela tient en grande partie au grand nombre des expatriés français et à la saturation des établissements qui pourraient accueillir leurs enfants, en particulier du lycée français de Londres. Outre les nombreuses demandes des familles, nous y sommes saisis de demandes d'homologation de structures ; nous pouvons en effet offrir des homologations à des établissements étrangers moyennant le respect de certaines conditions.